Commençons par le début : mon grand-père, âgé de 94 ans et dans un état désagréable pour lui et ses proches depuis plusieurs mois, est mort en septembre dernier. Suite à ce décès, et par un jeu de successions et de donations, je serai très prochainement propriétaire de la maison qu’il occupait avec ma grand-mère. (Cette dernière ne souhaite plus y habiter et a trouvé un appartement en location, moins grand, plus proche du centre, plus récent et c’est ce qu’elle voulait.)
Je connais bien cette maison, puisque j’y ai passé de nombreux week-ends et vacances pendant mon enfance ainsi que les deux premières années de mes études supérieures. Mais jusqu’à quelques années en arrière, je ne m’y sentais pas bien. Une sorte d’angoisse. Ce sentiment a disparu et je souhaite maintenant m’installer dans cette maison. Bill est partant aussi. (Il compte devenir copropriétaire avec moi.) Cette maison a de nombreux avantages, à court, moyen et long terme, et plusieurs inconvénients.
Avantages :
- La maison est très grande. La surface habitable est près du double de notre logement actuel. Le nombre de pièces sans point d’eau est double lui aussi. Quant au terrain autour, il fait à peu près 3000m² et nous appartiendra entièrement. (Contrairement au terrain actuel dont nous n’avons que la jouissance exclusive et qui ne mesure que 70m².) Nous nous projetons déjà dans les différentes pièces et autour des arbres fruitiers (cerises, noix, noisettes, figues).
- La maison est bien placée. Dans un ancien quartier d’un village devenu ville, toujours dans l’agglomération toulousaine, dans une impasse, quasiment à la campagne, sans trop de voisin, au calme. Vraiment au calme. Peu de voiture passent dans la rue. Peu de rues aux alentours. Jeudi, nous sommes allés à pied du centre du village à la maison, aux alentours de 21h. Le seul bruit que nous avons entendu venait des grillons. Par contre, nous voyons passer des promeneurs et promeneuses, à pied, à vélo, en famille, avec des chiens. Globalement dans une bonne ambiance. Et parfois, un ou deux très charmants jeunes hommes. ;)
- La maison serait à nous pour « pas grand-chose ». (Je ne vous en dirai pas plus.) Ce qui veut dire : plus de crédit sur le dos. Avec la vente de l’actuelle (et la petite plus-value par rapport au prix d’achat), nous serons un peu moins gênés au niveau budget. La maison serait à nous et à nous seuls. Plus de copropriété avec des étrangers, plus d’assemblée générale, plus de frais de syndic, plus de discussion sur les autorisations de planter tel ou tel arbre ou d’installer tel ou tel appareil de climatisation.
- La maison est équipée d’une cheminée à foyer ouvert et d’assez de bois en stock ou sur pied pour la faire tourner pendant un bon moment. Actuellement, elle n’est pas rentable et ne chauffe qu’à 50cm autour, mais l’installation d’un poêle ou d'un insert permettra d’allier confort et esthétique.
Inconvénients :
- La maison a 55 ans et a été construite majoritairement par mon grand-père, avec ses connaissances et les « normes » de l’époque. Elle n’a jamais été rénovée et n’a été que peu maintenue. Il y a énormément de travaux à prévoir. (J’y reviendrai.)
- La maison est à « l’autre bout de la Ville » (c'est à dire Toulouse) par rapport à maintenant, et encore plus loin de mon lieu de travail actuel. Mon temps de trajet devrait être multiplié par trois (et celui de Bill divisé par deux). Il y a beaucoup plus de petits commerces accessibles, mais aucun n’est aussi proche de la maison que le Spar à côté de notre logement actuel. La petit course d’appoint en 5 minutes, c’est terminé.
- Le terrain est en pente, la rue se situe tout en bas, la maison est à la moitié de la pente. Beaucoup de marches à monter. Tous les points du terrain sont visibles depuis au moins une des maisons voisines. L’intimité est quasi inexistante. (Je réfléchis à quelques moyens d’en conserver.) Et il n’y a aucune clôture, n’importe qui peut entrer sur le terrain. Y compris le sanglier du coin qui nous laboure la moitié de la pelouse…
- Une des maisons voisines est habitée par un couple qui se croit un peu tout permis et a l’habitude de prendre et faire ce qui les intéresse, sans demander autorisation. Mes grands-parents en ont fait les frais, ainsi qu’au moins 3 autres habitants de l’impasse. Quant à moi, j’ai bien fait comprendre, avec insistance, clarté et courtoisie, à une des personnes du couple que je n’étais pas du genre à me laisser marcher sur les pieds. Et Bill en a rajouté une couche. Il est revenu aux oreilles de ma grand-mère, qui vient toujours se promener dans les environs, que la personne en question n’était pas habituée à ce qu’on lui parle ainsi. Comme c’est dommage ⸮ (J’ai aussi eu des retours d’une autre source, ayant fréquenté cette personne dans le cadre professionnel. De mauvais retours.) Les relations sont tendues avant même notre emménagement. Je tenterai un apaisement lors de la pendaison de crémaillère, mais je n’ai que peu d’espoir.
À lire tout ça, on pourrait penser qu’il s’agit d’une très bonne affaire et que nous aurions tort de nous plaindre. À moyen et long terme, c’est vrai. À court terme, c’est plus compliqué. Il y a un gros problème : l’état général de la maison.
Déjà, bien que ce soit le moindre des problèmes, elle était habitée jusqu’à juin 2024 et donc rempli de meubles, de vêtements et de divers objets (dont 50000 albums photos). Et bien que la famille ait été contactée pour venir se servir, il restait (et reste encore) beaucoup d’objets encombrants. Nous avons jeté beaucoup, nous comptons en garder quelques-uns, mais certains sont encore là et nous gênent.
Ensuite, comme je disais, la maison a été construite en 1970 et les seules évolutions ont été des extensions. Si elle est globalement saine, il y a énormément de travaux à prévoir pour qu’elle soit ne serait-ce qu’habitable.
- Le premier chantier, que nous prévoyions déjà pour améliorer le confort de mes grands-parents et qui est donc arrivé rapidement, a été le remplacement de 10 fenêtres et portes-fenêtres. Les anciennes étaient en simples vitrages, composées de petits carreaux. Vu qu’ils se chauffaient à l’électricité, la facture mensuelle atteignait 400€ pour une température à peine acceptable. Les nouvelles sont aux normes actuelles, installées dans des cadres qui ne laissent pas passer les courants d’air. Et la différence est notable. Il restera de l’isolation à revoir, mais ça pourra attendre.
- Le chantier suivant concerne l’électricité. Depuis octobre que nous travaillons dans cette maison, nous découvrons quasiment à chaque passage une horreur de plus. Seulement deux prises sur toute la maison sont reliées à la terre. Le tableau électrique est une antiquité. La majorité des appliques, lustres et radiateurs sont / étaient reliés par des dominos avec les fils sortant à nu. Beaucoup d’appareils étaient branchés sur des prises multiples en série, avec des prises pour transformer des prises avec terre en prises sans terre. C’est un miracle que la maison n’ait jamais brûlé.
- Le second chantier concerne la plomberie. Toutes les évacuations d’eau sont à revoir et la plupart sont à refaire. La salle de bain doit être refaite entièrement. La cuisine va changer de pièce. Certains tuyaux, qui liaient la chaudière au fioul (vendue par mon grand-père au printemps 2024 et enlevée par l’acheteur à l’automne de la même année) aux radiateurs en fonte, doivent être coupés et retirés.
- Enfin, il faudra installer la nouvelle cuisine dans une pièce différente de l’actuelle. Reste à savoir si on le fera nous-même ou en passant par un cuisiniste.
Après ces 3 gros chantiers, nous ferons quelques finitions : peinture, pose de parquet, installations de meubles. Et enfin emménagement.
Mais l’emménagement ne sera pas la fin des travaux. Nous prévoyons de faire une isolation par l’extérieur. De vider le garage pour pouvoir y rentrer des véhicules (impossible pour le moment). De refaire les escaliers et chemins permettant d’accéder à la maison. De clôturer toute la propriété. De prévoir des espaces dans le terrain pour des jardins potagers et des jardins de fleurs. De détruire la cabane qui enlaidit ce coin. D’élaguer les arbres. De finir de transformer les autres pièces.
Et surtout nous devrons nous occuper de la partie de la maison qui est en train de s’écrouler. Rajoutée quelques années après la construction, elle est mal liée au reste de la maison et ne tient que difficilement. Les fissures laissent passer la lumière. Là encore, nous ne savons pas s’il faudra l’écrouler ou s’il y a moyen de la sauver. Bill et moi souhaitons la garder. Non seulement, ça fait une chambre d’amis de plus, mais aussi c’est là que sont les toilettes actuellement. ^^'
Cependant, avant tout ça, il y a des travaux à faire pour que les électriciens et plombiers puissent intervenir. Se débarrasser de la plupart des meubles. Détapisser toutes les pièces. Ranger ou jeter les autres objets. Demander des devis. Couper les herbes et arbres qui gênent le passage. Nettoyer à fond certaines pièces (genre la salle de bain, qui a été dépouillée). Faire ramoner la cheminée. Faire de nombreux allers et retours à la déchetterie. (De très très très nombreux allers et retours.) C’est ce que nous faisons certains week-end et vacances, depuis novembre. Soit Bill tout seul, soit moi tout seul, la plupart du temps nous deux. Et très souvent avec l’aide de mes parents et éventuellement de ma grand-mère. Malheureusement, si l’aide de mes parents (et de leurs outils) est bienvenue, elle vient avec son lot de charge mentale. Son gros gros lot de charge mentale :
- Pas de respect de nos emplois du temps, pour commencer.
- L’assurance de savoir mieux que nous ce qui doit être fait et surtout comment ça doit être fait.
- Le deuil qui dure encore et qui pousse à ralentir les travaux.
- L’envie de faire plein de choses, sans capacité de les accomplir. L’un⋅e de mes parents veut aider beaucoup mais nous a fait perdre plus de temps à corriger ses erreurs qu’iel ne nous en a fait gagner.
- La gestion des santés de deux personnes de 68 et 82 ans, qu’iels ne veulent pas forcement gérer. (L’un⋅e au niveau physique, l’autre au niveau psychologique.)
Et à ça, se rajoutent divers incidents surprises, plus ou moins graves, plus ou moins stressants. Tiens, dans cette pièce, il y a deux épaisseurs de tapisserie. Tiens, le plateau qui tient le lavabo de la salle de bain est en béton armé. Tiens, il est impossible de se débarrasser de ce morceau de fibro-ciment rempli d’amiante. Tiens, la cheminée que nous avons fait ramoner il y a 6 semaines est en train de prendre feu, il faudrait appeler les pompiers. Tiens, l’évacuation du seul point d’eau en état de marche vient de se boucher et l’eau s’infiltre dans une autre pièce. Tiens, personne ne veut de ces petits objets de décoration qui encombrent la maison. Tiens, les étagères de cette bibliothèque tenaient en reposant sur des barres en métal scellées dans le mur de brique. Tiens, il y a une prise de courant fonctionnelle sous la tapisserie que nous venons de décoller à la vapeur d’eau. (Tout ça est rigoureusement exact et véridique.)
Bon, en vrai, on avance. Les devis ont été demandés cette semaine. Les pièces sont quasiment toutes nettoyées. Mais au prix de fatigue physique et mentale. Vivement que le plus gros se termine. Surtout que j’ai quelques projets plus rigolos pour certains endroits de cette maison. Par exemple, un porte-drapeau sur la façade pour y faire flotter mon Progressive Pride Flag. Stay tuned.
