Je sais de quoi je parle. Ma famille bosse dans l'enseignement depuis plus de 100 ans et mes deux parents sont instits eux-mêmes, ce qui fait que je fréquente le milieu depuis ma plus tendre enfance. De plus, certains de mes amis sont enseignants ou en devenir et je sais comment ils sont, au boulot et hors boulot.

En ce moment, on parle énormément de la reforme Fillon. Les enseignant ET les élèves font grève, ils manifestent des qu'ils peuvent. D'ailleurs, en Décembre, les profs avaient déjà fait grève. Sur le coup, comme je ne savais pas de quoi il retournait, j'avais contacté deux amies : ma prof d'art du collège et une prof de bio, amie de mes parents. Elles m'avaient éclairé un peu sur le problème. Mais ca vous pouvez en entendre parler un peu partout. Je vais moi vous expliquer leurs réactions.

Tout d'abord, j'ai eu la prof de bio, que nous appellerons Miquou. Pour elle, il fallait se battre contre la reforme Fillon. Cette reforme allait changer énormément de choses et pas toujours en bien. Miquou etait donc prête à faire grève.
Par contre, ma prof d'art avait une réaction complètement différente. Pour elle, il y avait eu plusieurs petits changements qui avait complètement dénaturé l'Education Nationale. La reforme Fillon n'etait donc que la partie émergée de l'iceberg. Et se battre contre cette reforme ne sauverait pas l'enseignement. Elle avait donc décidé de ne pas se battre. Au contraire, elle espérait que cette loi passe. Ainsi, l'Education Nationale tomberait plus vite en morceaux, les gens se rendraient alors compte de ce qu'ils ont perdu. Tout pourrait être reconstruit à la base. Certes, on y perdrait un génération d'élèves, mais l'agonie serait moins longue et moins douloureuse.
Cette vision désespère du problème m'a un peu choqué, surtout venant de cette personne que je savait pleine de vie. Mais bon, je ne sais pas exactement quel est l'état de l'Education Nationale en ce moment, donc je ne peux pas dire si cette vision est pessimiste ou réaliste.

En tout cas, la prochaine fois que vous insulterez les enseignants ou les fonctionnaires en général, réfléchissez un peu. Dites vous qu'ils ne sont pas pire. Dites vous que c'est aussi dur pour eux, parfois même plus. Et pourtant, ils continuent. Pourquoi? Parce que ce metier leur plait. Et ils ont raison.

L'enseignement est un beau métier. Transmettre la connaissance, apprendre, faire réfléchir, enseigner, éduquer aussi; toutes ces actions sont nobles. Bien sur, les humains sont ce qu'ils sont et, en général, ils pervertissent tout ce qu'ils touchent. Mais, malgré cela, ils peuvent quand même obtenir de magnifiques résultats. J'aimerais faire tout ca. J'aimerais transmettre ma soif de la connaissance. Une journée où l'on a appris quelque chose de quelqu'un ou à quelqu'un n'est pas une journée perdue. Le savoir peut grandir de manière exponentielle. Mieux qu'un feu, il éclaire et réchauffe sans que ceux qu'il consume ne meurent. N'êtes vous pas heureux de voir le regard brillant d'une personne lorsqu'elle a compris ce qu'on lui a expliqué? N'êtes vous pas satisfait de la joie de la personne qui a compris un concept? Qui sait si ce concept que vous lui avez appris ne lui ouvrira pas des milliers d'autres portes? Qui sait si, grâce à la pierre que vous avez apporté à l'édifice de son savoir, elle ne deviendra pas un génie ou, tout simplement, quelqu'un de bien, quelqu'un qui à son tour apprendra aux autres?