Bon, nous (les Pastourelles de Campan) ne sommes pas forcement les rois de l'organisation. Il nous arrive de lancer une activité ou de modifier le programme au dernier moment. Mais nous nous débrouillons à chaque fois pour que ce soit pour le mieux, en particulier lorsque ça impacte d'autres personnes. Malheureusement, le groupe roumain qui nous recevait n'est pas aussi débrouillard. Par exemple, lorsqu'ils étaient venus chez nous début juillet, ils étaient arrivés avec un jour d'avance. Il nous avait fallu revoir tout notre programme de repas et de visites. Ils étaient à l'époque accompagnés d'une jeune fille rousse (membre du groupe) qui parlait français à merveille et faisait les traductions sans aucun problème. Nous pensions que cette jeune fille  serait avec nous lors de notre venu chez eux pour nous accompagner et nous guider. Quelle ne fut pas notre surprise de voir arriver un homme ayant dépassé la cinquantaine, affublé de cheveux filasses gris et d'une longue moustache assortie et surtout bourré du soir au matin et du matin au soir!!

Le premier soir déjà, il avait attendu notre arrivée en sifflant verre sur verre. J'étais au premier rang, juste derrière le siège du chauffeur et je l'ai senti dès qu'il a mis un pied dans le car... Il est monté avec une petite sacoche, genre pour mettre un ordinateur portable dedans. Sauf que, point d'ordinateur. Juste une ou deux bouteilles de gnole, histoire de pas être en manque. Et il est resté pinté tout le temps. D'après ce que nous avons pu déchiffrer, c'est un prof de musique et de psychologie (??) qui avait étudié le français à l'école. Il devait pas avoir de bonnes notes... On a passé notre séjour à essayer de comprendre ce qu'il voulait nous dire.

C'était d'autant plus embetant que le programme qu'on avait reçu avant de partir a subi de nombreux changements. Changements venant de nous mais aussi de ceux qui nous recevaient. Et lorsqu'il fallait nous expliquer où on devait aller et pourquoi et comment et quand, eh ben, ça ne se passait pas tout seul. Les deux derniers jours, il a essayé de s'améliorer, mais c'était loin d'être suffisant. D'ailleurs, ces deux même derniers jours, notre présidente a craqué et a essayé de l'éviter le plus possible, laissant à la chorégraphe le soin de le gérer.

En fait, le changement est apparu après la réception des huiles de notre groupe (présidente, vice-président, chorégraphe et adjoint au maire) par le directeur régional de la culture (aussi président de l'association des groupes folkloriques roumains). Cet homme, le Docteur Cosma, ne parle malheureusement pas français, mais le comprend assez bien. Ainsi pour nous dire ce qu'il voulait nous dire, il l'expliquait à notre guide-interprète qui nous le racontait en français. Seulement, comprenant le français, il s'est vite rendu compte que la traduction était plus qu'approximative. Il s'est alors tourné vers nous et nous a demandé si nous parlions anglais ou allemand. Evidemment, moi qui n'était venu que pour prendre des photos et des notes de cette rencontre historique, je me suis retrouvé propulsé directement au rang d'interprète pendant que l'australopithèque (notre guide) faisait tapisserie. Alors heureusement que Cosma devait traduire d'abord du roumain à l'allemand, ça l'empêchait d'utiliser des termes trop techniques. On a quand même eu droit au discours sur l'amitié entre les peuples, les rencontres, les échanges, la jeunesse qui apprend à se connaître, etc., etc.…

Pour en revenir à notre guide, le fait est que je ne l'aimais pas du tout, à l'instar de la plupart des membres du groupe. Je l'évitais autant que possible. Le problème c'est que ce mec a un don. Il arrivait à toujours être dans mon champ de vision ou dans ma trajectoire. Je me retournais pour aller parler à quelqu'un et hop, il était là. Je faisais le tour du car pour aller chercher un truc, il se tenait juste a coté du truc! C'était affreux.

En plus, il avait un sale tic qui lui faisait se lisser les cheveux ou la moustache…

Heureusement, le dernier soir, nous avons été rejoint par la rousse qui était venu en France. Ca nous a fait un bien monstre de pouvoir discuter tranquillement et savoir ce qui se passait vraiment. Comme quoi le bonheur…