Evidemment, alors que je comptais l'amener en montagne, lui faire découvrir mes Pyrénées, il a neigé tout le temps et nous n'avons pas pu monter pour cause de route enneigée. Donc, retour dans les vallées voire même dans la plaine. Surtout dans la plaine, puisque Fredo voulait aller à Lourdes. Oui, j'habite à 30 kilomètres de Lourdes.

Bon, moi, Lourdes, j'y suis né, j'y suis allé maintes fois avec le catéchisme ou pour accompagner des gens qui venaient passer des vacances chez nous. J'ai bu à la source, j'ai posé des cierges, j'ai prié. Bref, je connais. En plus, toutes les rues autour de la grotte sont emplies de magasins, de vendeurs, qui se font du fric sur le dos des croyants. Et puis, pour moi, homosexuel et fier de l'être, c'est un peu chez l'ennemi. Mais bon, pourquoi pas… Ca sera fait et on n'y reviendra pas.
En plus, je fais partie d'une famille de mécréants, dont je suis le membre le plus religieux. C'est vous dire.

Nous voila donc parti. Pour y aller, je passe bien sur par Astugue, Neuilh, Arrodets, Juncalas et Saint Créac pour arriver sur Lourdes par le sud. Ceci afin de profiter du paysage et des petites routes bigourdanes. Bien sur, vu comme c'était couvert, le paysage… Par contre, les petites routes, on en a bouffé. Mais c'était le but.

Et nous voila enfin arrivé. On se gare à proximité de la grotte, dans un parking. Payant, bien sur, faut pas déconner non plus.

On visite les basiliques (Au fait, vous avez déjà remarqué comme la première basilique, celle qu'on voit le mieux, ressemble au château de la belle au bois dormant? Si, si, c'est même flagrant), on passe devant les machines à cierges (comme une machine à café, tu mets les sous et tu prends un cierge. Sauf que le café, c'est 35 cents et le cierge 2€50), on arrive devant la grotte, on regarde les gens faire la queue pour embrasser la pierre, on écoute ce qui se passe d'une oreille distraite, on prends des photos. Et puis, Fredo voulant tout voir, on monte faire le chemin de croix. Chemin de croix magnifique, soit dit en passant. On aperçoit une fille monter en chaussettes, alors que au mieux c'est du béton, au pire des gros cailloux bien pointus. Mais bon, c'est faire acte de pénitence, c'est elle qui voit, je respecte. Et j'explique à Fredo le pourquoi du comment. Tout au long de la visite, nous discutons lui et moi de l'approche des gens à la religion, des fanatiques, des croyances, du retour de Jésus (…), etc… Je me dis qu'il n'est pas bête, mais qu'il manque cruellement d'infos. Et c'est fort dommage. Au retour, on arrive au dessus de l'endroit où brûlent les cierges. Ca sent la paraffine chaude, odeur agréable, mais à petites doses. Le temps d'arriver en bas, je sature. Et le chemin arrive pile entre les cierges et les piscines. Si, si, ya des piscines juste là. Mais pas des piscines pour faire des longueurs ou s'amuser pendant l'été. Non, non, ici c'est sérieux. Ce sont de piscines où les malades viennent se baigner dans l'espoir d'un miracle qui les guérira. Bien sur, ya une piscine pour les hommes et une autre pour les femmes. Faut pas déconner là non plus.

Et puis on passe devant les cierges, on en profite pour regarder un employé installer deux cierges aussi grands que lui payés par une asiatique, on repasse devant la grotte, on récite l'Ave Maria (en français, mon niveau de latin étant très très limité) avec la foule. Mais là, il commence à faire froid, en plus il bruine depuis le début, je commence à en avoir marre. On sort de là. On fait un tour dans les rues marchandes, on regarde tout ce qui se vend : les gourdes en plastique transparent moulé à l'image de la vierge, les aubes, les amulettes, les cartes postales, les photos de la visite du pape, j'en passe et j'en oublie forcement. En même temps, on se cherche un petit café qui fasse des crêpes, histoire de se réchauffer et de récupérer la graisse que nous avons perdue à cause du froid de canard qu'il fait dans ce p***** de pays de m****!!!

On trouve le bar, on rentre, on s'installe. Le serveur arrive et me complimente sur mes chaussures. Si, si, vous savez, les New Rock, celles qui pèsent 1kg400 (LA chaussure) et qui ont 6 cm de semelle au talon. Ouais, celui-là, si c'est pas un collègue… On commande, on se restaure et on va payer. A ce moment là, le serveur est tout sourire vers mon Fredo et lui souhaite une bonne journée avec un ton qui voudrait plutôt dire "T'es sur que tu veux pas la passer avec moi, ta journée?" Ca ne me dérange pas, je connais la fidélité sans faille de mon homme. Ceci termine notre périple à Lourdes et nous rentrons enfin à la maison où nous attendent mes parents, un couple d'amis et une paella. Mais ceci est une autre histoire.

Cette note pourrait se terminer là. Mais non. Hier, je discutais avec CPU, un très bon ami et je lui racontais l'histoire de la drague ci-dessus. Et voici ce que ça a donné :

  • TarValanion: Tu sais, Fredo a reussi à se faire draguer à Lourdes
  • TarValanion: Chez l'ennemi
  • CPU: [...] (chez l'ennemi ? J'hallucine, tu abuses, quand même...)
  • TarValanion: Tu crois que Lourdes, c'est pas chez l'ennemi? un peu quand même.[...]
  • CPU: Non, Lourdes, ce n'est pas chez l'ennemi, à mon sens. C'est un lieu d'espoir et de désespoir, un lieu "magique" imprégné d'un "quelque chose", mais ce n'est pas chez "l'ennemi", pour moi. :) […]
  • TarValanion: Lourdes pour moi, c'est la ville commerciale rempli de fanatiques et/ou de desesperé.
  • TarValanion: La basilique ressemble etrangement au chateau de la Belle au Bois dormant à EuroDisney
  • CPU: La religion n'est pas l'ennemi des homosexuels, tous les religieux non plus. Il s'agit de certaines branches politiques de l'Eglise qui le sont : je me méfie de la référence non-différenciée à l'idée de "morale judéo-chrétienne", parce que les choses sont bien plus compliqué que ça.
    Maintenant, oui, Lourdes est devenue la ville des "marchands du temple", pour reprendre l'expression du Sieur Jésus lui-même, mais il n'y a pas que ça, quand même. Je reste intrigué et émerveillé par les guérisons miraculeuses qui y ont lieu et par cette somme hallucinante de dévotion déversée à un seul et même endroit. Mais c'est mon côté "spiritualiste" qui parle...
  • TarValanion: Du genre baterie à croyance? Les gens viennent, deposent de la croyance et lorsqu'il y a trop plein, ca fait un miracle? Concept interessant.
  • CPU: Ben oui. Concentration d'énergies psychiques de dévotion en un lieu précis, avec manifestation d'une chose à un moment précis, lorsque suffisamment d'énergie s'est concentrée.
  • CPU: Mais j'ai l'intuition qu'il y a quand même autre chose, à mon avis. Comme un "noeud" de concentration de quelque matière subtile, qui altérerait un plan de la réalité...
  • TarValanion: forcement, puisqu'il s'ets passé quelque chose en ce lieu avant que tout le monde vienne y deposer sa devotion
  • CPU: Oui, sans doute...

Voila donc ma conclusion :
A Lourdes, la structure de la réalité est très fine. Un jour, quelque chose a traversé cette structure. Une paysanne était là pour voir ce "quelque chose". Peut être que ce qu'elle a vu n'avait aucun rapport avec ce qui était là, peut être que ce qui est apparu à pris cette forme pour répondre aux attentes de la paysanne. Je pencherais plutôt pour cette deuxième solution. Et puis, la paysanne a obéi à cette chose, a raconté ce qu'elle avait vu. Du coup, tout le monde s'est précipité là pour prier.
J'imagine que vous connaissez la théorie d'Einstein selon laquelle l'univers est comme une feuille de caoutchouc. Selon cette théorie, plus un objet est massif, plus il déforme le caoutchouc, parfois jusqu'à le déchirer. On obtient alors un trou noir.
Maintenant imaginons que cette théorie est applicable ailleurs que sur le plan physique. Imaginons que les croyances des gens déforment le plan astral. A Lourdes, Les gens viennent et déposent leur croyance, leur dévotion, leur pénitence. Tout ceci appuie sur la structure du plan et au bout d'un moment, ça craque. Il y a alors un échange entre les deux cotés et on obtient un miracle.

Quoi? C'est ridicule? Pas plus que la théorie d'un dieu omnipotent, omniprésent et omniscient qui distillerait ses miracles au compte-goutte.