L'autre jour, je discutais avec un ami bloggeur devant mon agregateur. Et au fur et à mesure, je disais : "Tiens, machine a bloggué" ou "Truc a fait un billet". Et de temps en temps, en fonction de la personne citée, j'avais une réponse du genre : "Celle-là, elle est complètement folle" ou bien "Celui-là, il a vraiment un grain."

Pour moi, la folie, c'est plutôt un décalage entre la vision qu'a une personne du la réalité et la réalité telle qu'elle est vraiment. En fait, je pense que plus une personne est folle, plus sa notion de la réalité est éloignée de la réalité. (En ce sens, bien sur, nous sommes tous fous, puisque aucun humain n'arrive à comprendre vraiment notre monde.) Et quelque part, la folie n'est pas forcement un problème. Il y a des gens complètement fous qui arrivent à vivre une vie à peu près normale. Combien  d'artistes passés ou présents ont été reconnus comme fous? Géniaux mais fous? Combien de scientifiques ont fait de grandes découvertes en voulant démontrer un postulat complètement fou? En fait tout dépend du degré de décalage et du niveau de la réalité qui est concerné. Je peux être persuadé d'être le plus bel homme ayant jamais vécu sur terre, ça ne changera pas grand chose à ma vie de tous les jours. Par contre, si je suis persuadé d'être le plus fort, au point d'être invincible, mon espérance de vie diminue fortement. Ça, c'est une différence de degré. La différence de réalité concernée, la voila : Je peux être persuadée que la terre a la forme d'un 33-tours (sans le trou au milieu), à part quelques remarques des gens bien-pensants, ça ne changera pas ma vie. Par contre, être persuadé que l'humanité entière est prête à me faire du mal à la moindre occasion, ça risque d'avoir des répercussions sur mon quotidien.

Peut-on être conscient de sa propre folie? Est-ce que, de la même manière que le premier pas vers le savoir est l'acceptation de sa propre ignorance, le premier pas vers la une forme de santé mentale est de reconnaitre sa folie? Je pense qu'à un certain niveau, c'est possible. Se dire ponctuellement que, non, il n'y a pas des voyous à chaque coin de rue à toute heure du jour et de la nuit, n'empêche pas d'avoir peur quotidiennement en marchant dans la rue.

Mais bon, tant que ca n'empêche pas de vivre à peu près normalement, je ne vois pas où est le problème. Et puis j'aime bien les fous. A chacun des remarques dont je parlais au début, je répondais quelque chose du genre : "Oui, mais c'est pour ça que c'est intéressant." Etre fou, c'est sortir du cadre. C'est ajouter un peu de piment, un peu de chaos, un peu d'inattendu. A fréquenter quelqu'un comme ça, on se demande toujours un peu ce qui va arriver la prochaine fois. On reste sur le qui-vive, prêt à réagir à tout. Ça amène des découvertes qu'on aurait jamais faites sinon. Ça évite de rester coincé dans ses habitudes, ça évite de stagner.

Et ça, c'est bien.