La grande majorité du temps, les textes pornos que je lis sont en anglais. Plus rarement en français et exceptionnellement en allemand. Ceux que j'écris sont aussi majoritairement en anglais (Seulement 17 000 mots en français sur 100 000 ecrits.) Ce qui me vaut des petites remarques de l'un de mes relecteurs. "Ça gagnerait à être en français, selon moi… just saying…" Ouais ouais ouais.

Bref.

Ce matin, alors que j'épluchais une des bibliothèques pornos que je connais, je suis tombé sur un nouveau texte, en français. Ça change un peu, c'est toujours agréable de lire dans sa langue maternelle. Le résumé (court, à peine 20 mots pour un texte de 7300) me semblait intéressant. J'ouvre la page correspondante et je commence à lire.

Mais très rapidement, le malaise s'installe. Pas sur la partie porno, ça correspond bien à ce que j'attendais. Par contre, coté clichés, on est bien là. Et coté essentialisme et racisme aussi. Bien que rédigé proprement, sans fautes de grammaire, d'orthographe ou de syntaxe, avec un registre plutôt soutenu, le texte est insupportable. Extrait pour bien comprendre :

 Ensuite, tu t’en doutes sûrement un peu, mais ton appartenance ethnique a beaucoup joué. J’ai un attrait irrésistible pour les Maghrébins. Votre fougue, votre masculinité, votre fierté, votre physique exotique, tout chez vous m’attire. Tu dois te dire que j’aurais pu m’attaquer à n’importe quel jeune de banlieue, cliché de la virilité arabe. Mais rien ne m’excite plus en réalité que l’idée de rabaisser un jeune beur en costume qui croit qu’il a un niveau de respectabilité assez haut pour renier sa vraie nature, celle d’une bête de sexe.

Et c'est juste un extrait. Tout le texte est du même acabit. (Dont tout un paragraphe de dissertation sur la circoncision dans les différentes cultures.)

Alors, je comprends qu'on ait des préférences et des fantasme. Je comprends qu'on ait des fétichismes. (Je serais mal placé pour jeter la pierre.) Mais là, pour moi, ça va au-delà. C'est limiter une personne ou une catégorie de personnes à ce qu'elles sont et pas à ce qu'elles font. C'est réduire des personnes à un seul point commun et les regrouper par ce point. C'est généraliser, ce qui amène très rapidement à discriminer. Certes, il s'agit là de fiction, de personnes qui n'existent pas. Mais les fictions ont un impact sur nos modes de pensée, même si elles sont présentées en tant que telles.

Pour moi dans un bon texte, il y a trois niveau de lecture : la forme du texte (comment je dis les choses), le fond du texte (qu'est-ce que je raconte) et le sous-texte (quel message je fais passer). Dans celui dont je parle les deux premiers sont acceptables, le dernier est inacceptable. J'ai donc abandonné la lecture de ce texte.

Il n'y a pas de honte à lire du porno.
Il n'y a pas de honte à écrire du porno.
Il y a de la honte à écrire des textes racistes !