Mais je connaissais aussi des moins classiques. Entre autres, j'ai lu très souvent "les Chants de Pyrène" de Pertuzé ou "Contes de Gascogne" du même auteur.

Dernièrement, inspiré à la fois par ces contes et par les nouvelles de Neil Gaiman, je me suis dit qu'il serait sympa de m'essayer à l'écriture de contes. Mon père a déjà sorti deux livres, dans le même registre. Moi, je voulais partir sur des contes plus actuels. Un récit de faits ou d'aventures imaginaires mais avec une pointe de modernité. Un peu comme le poème de Gaiman intitulé "Couleurs froides".

J'ai repensé à ce que je connaissais. Il m'est revenu en mémoire la Came Cruse, esprit familier des Pyrénées Gasconnes. C'est une espèce de fantôme composée d'une Jambe Nue (Came Cruse) et d'un œil unique au niveau du genou. Cet esprit était censé dévaler les pentes à toute vitesse à la tombée de la nuit pour effrayer les passants isolés.

Je réfléchissais et essayer de mélanger ce genre de légende avec l'informatique. Et puis, l'illumination et la déception me sont venus en même temps. Pourquoi inventer des histoires comme celle-ci alors que tout ça existe? Nous n'avons pas des sorciers, nous avons des programmateurs. Nous n'avons pas des fantômes, nous avons des virus. Intangibles, errants, difficilement éloignables, généralement malfaisants et souvent liés à une morale. (On attrape des virus principalement sur des sites que la morale reprouve.)

Et puis, j'ai repensé au conte intitulé "La nuit des Quatre Temps". Je l'avais lu dans un livre de Pertuzé (encore). L'histoire avait été raconté par "L'Abbé Magenties, de Lectoure, d'après les récits de sa grand-mère Catherine Dubuc, veuve Langlade, femme illettré morte à Lectoure en 1855". Elle était aussi raconté dans la region du Rouergue.
Et j'ai pensé à un jeu de mots entre le climat et les moteurs. J'ai donc repris le texte d'origine en le transposant à notre époque actuelle. J'ai gardé la trame et la chute, mais j'ai changé quelques détails pour permettre le petit jeu de mots. (Oui, bon, il est pas top, mais je fais ce que je peux.)

Quant au texte d'origine, le voici :

Il y avait une fois une demoiselle, noire comme l'âtre, et vieille, vieille comme un chemin. Plus elle vieillissait, plus elle se croyait jeune et jolie. Cette demoiselle n'avait qu'un valet, appelé Bourtoumieu (Barthélémy). Tous deux vivaient au milieu des bois, dans un grand château plein de chauves-souris et de hiboux. Pourtant, la vieille avait en cave sept tonneaux, pleins de quadruples d'Espagne. Chaque matin, elle faisait sécher son or aux rayons du soleil levant.
Un matin qu'elle travaillait comme de coutume, vint à passer un beau seigneur sur son cheval noir.
- Bonjour, demoiselle. Que faites-vous là ?
- Beau seigneur, je fais sécher mon douaire aux rayons du soleil levant.
- Demoiselle, le douaire est beau. Mais la fille est plus belle encore. Voulez-vous de moi pour mari ?
- Beau seigneur, file ton chemin. File ton chemin, et reviens me chercher dans la nuit des Quatre-Temps.
Un an plus tard, à minuit, le beau seigneur frappait à la porte du château.
- Ho ! Demoiselle, levez-vous. Il est temps de nous marier.
- Beau seigneur, quel temps fait-il ?
- Demoiselle, il pleut à grand déluge.
- Beau Seigneur, file ton chemin. Je ne me marie pas encore.
Un an plus tard, à minuit, le beau seigneur frappait encore à la porte du château.
- Ho ! Demoiselle, levez-vous. Il est temps de nous marier.
- Beau seigneur, quel temps fait-il ?
- Demoiselle, il pleut à grand déluge. L'orage gronde à rendre sourd.
- Beau seigneur, file ton chemin. Je ne me marie pas encore.
Un an plus tard, à minuit, le beau seigneur frappait encore à la porte du château.

- Ho ! Demoiselle, levez-vous. Il est temps de nous marier.
- Beau seigneur, quel temps fait-il ?
- Demoiselle, il pleut à grand déluge. L'orage gronde à rendre sourd. Il vente à décorner les taureaux.
- Beau seigneur, file ton chemin. Je ne me marie pas encore.
Un an plus tard, à minuit, le beau seigneur frappait encore à la porte du château.
- Ho ! Demoiselle, levez-vous. Il est temps de nous marier.
- Beau seigneur, quel temps fait-il ?
- Demoiselle, il pleut à grand déluge. L'orage gronde à rendre sourd. Il vente à décorner les taureaux. La grêle tombe, épaisse et grosse comme le poing.
- Beau seigneur, c'est la nuit des Quatre-Temps. Vite, il faut nous marier. Ho ! Bourtoumieu, debout. Selle et bride ta jument blanche.
Ho ! Bourtoumieu, selle, selle,
Selle, selle, ma bourriquette (en gascon, ces deux lignes riment par assonance :
Ho ! Bourtoumiou, sèro, sèro,
Séro, sèro ma bourriqueto).
Une heure après, la vieille, vêtue en mariée, Bourtoumieu et le beau seigneur galopaient à travers le bois. Il pleuvait à grand déluge. L'orage grondait à rendre sourd. Il ventait à décorner les taureaux. La grêle tombait, épaisse et grosse comme le poing.
Ho ! Bourtoumieu, fouette, fouette,
Fouette, fouette ma bourriquette (ces deux lignes, qui reviennent, riment aussi en gascon :
Ho ! Boutoumiou, hoeto, hoeto
Hoeto, hoeto ma bourriqueto).
- Oui, demoiselle.
Ho ! Bourtoumieu, fouette, fouette,
Fouette, fouette ma bourriquette.
- Bourtoumieu, quel beau temps !
- Oui, demoiselle.

Ho ! Boutoumieu, fouette, fouette,
Fouette, fouette ma bourriquette.- Bourtoumieu, vois-tu ces lumières dans le bois ?
- Oui, demoiselle. Ce sont les loups qui nous poursuivent. Leurs yeux brillent dans la nuit noire.
Ho ! Bourtoumieu, fouette, fouette,
Fouette, fouetten ma bourriquette.
- Non, Bourtoumieu. C'est le beau seigneur qui fait illuminer pour moi. Comme il est riche ! Comme il m'aime !
- Oui, demoiselle.
Ho ! Bourtoumieu, fouette, fouette,
Fouette, fouette ma bourriquette.
- Bourtoumieu, entends-tu ces cris dans le bois ?
- Oui, demoiselle. Ce sont les loups qui hurlent de faim. Gare à nous.
Ho ! Bourtoumieu, fouette, fouette,
Fouette, fouette ma bourriquette.
- Non, Bourtoumieu. C'est le beau seigneur qui fait chanter pour moi. Comme il est riche ! Comme il m'aime !
Ho ! Bourtoumieu, fouette, fouette
Fouette, fouette ma bourriquette.
Alors, les loups tombèrent sur la vieille et sa bourriquette. Bourtoumieu tira son épée ; mais le beau seigneur l'arrêta.
- Bourtoumieu, laisse ces bêtes manger à leur faim. Tu n'auras pas à t'en plaindre.
Les loups repus et partis, le beau seigneur dit :
- Bourtoumieu, mets pied à terre, et regarde ce qu'il reste de la vieille et de sa bourriquette.
- Beau seigneur, de la vieille, il reste une jambe d'or. De la bourriquette, il reste quatre fers d'or, avec les clous de diamant.
- Bourtoumieu, tout est pour toi. Ramasse vite, et partons.
Tous deux rentrèrent au château de la vieille demoiselle, et ils y vécurent riches et heureux.