Un matin qu'elle travaillait comme de coutume, vint à passer un beau jeune homme dans sa Porsche noire. Voyant cela, il s'arrêta.
- Bonjour, demoiselle. Que faites-vous là ?
- Beau jeune homme, je fais sécher mon douaire aux rayons du soleil levant.
- Demoiselle, le douaire est beau. Mais la fille est plus belle encore. Voulez-vous de moi pour mari ?
- Beau jeune homme, file ton chemin. File ton chemin, et reviens me chercher dans la nuit des Quatre-Temps.

Six mois plus tard, à minuit, le beau jeune homme frappait à la porte de la villa.
- Ho ! Demoiselle, levez-vous. Il est temps de nous marier.
- Beau jeune homme, quel temps fait-il ?
- Demoiselle, il pleut à grand déluge.
- Beau jeune homme, comment es-tu venu?
- Demoiselle, je suis venu à pied.
- Beau Jeune homme, file ton chemin. Je ne me marie pas encore.

Six mois plus tard, à minuit, le beau jeune homme frappait encore à la porte de la villa.
- Ho ! Demoiselle, levez-vous. Il est temps de nous marier.
- Beau jeune homme, quel temps fait-il ?
- Demoiselle, il pleut à grand déluge. L'orage gronde à rendre sourd.
- Beau jeune homme, comment es-tu venu?
- Demoiselle, je suis venu à cheval.
- Beau jeune homme, file ton chemin. Je ne me marie pas encore.
- Demoiselle, vous m'avez éconduit. Mais gardez mon étalon.

Six mois plus tard, à minuit, le beau jeune homme frappait encore à la porte du château.
- Ho ! Demoiselle, levez-vous. Il est temps de nous marier.
- Beau jeune homme, quel temps fait-il ?
- Demoiselle, il pleut à grand déluge. L'orage gronde à rendre sourd. Il vente à décorner les taureaux.
- Beau jeune homme, comment es-tu venu?
- Demoiselle, je suis venu à vélo.
- Beau jeune homme, file ton chemin. Je ne me marie pas encore.
- Demoiselle, vous m'avez éconduit. Mais gardez mon vélo.


Un an plus tard, à minuit, le beau jeune homme frappait encore à la porte du château.
- Ho ! Demoiselle, levez-vous. Il est temps de nous marier.
- Beau jeune homme, quel temps fait-il ?
- Demoiselle, il pleut à grand déluge. L'orage gronde à rendre sourd. Il vente à décorner les taureaux. La grêle tombe, épaisse et grosse comme le poing.
- Beau jeune homme, ca ressemble à la nuit des Quatre-Temps. Comment es-tu venu?
- Demoiselle, je suis venu en voiture.
- Beau jeune homme, c'est vraiment la nuit des Quatre-Temps! Vite, il faut nous marier. Ho ! Bourtoumieu, debout. Selle et bride ta jument blanche. Selle et bride son étalon!

Ho ! Bourtoumieu, selle, selle,
Selle, selle, ma bourriquette

Une heure plus tard, la vieille, vêtue en mariée, Bourtoumieu et le beau jeune homme galopaient à travers la garrigue. Il pleuvait à grand déluge. L'orage grondait à rendre sourd. Il ventait à décorner les taureaux. La grêle tombait, épaisse et grosse comme le poing.

Ho ! Bourtoumieu, fouette, fouette,
Fouette, fouette ma bourriquette
- Oui, demoiselle.

Ho ! Bourtoumieu, fouette, fouette,
Fouette, fouette ma bourriquette.
- Bourtoumieu, quel beau temps !
- Oui, demoiselle.

Ho ! Boutoumieu, fouette, fouette,
Fouette, fouette ma bourriquette.

- Bourtoumieu, vois-tu ces lumières dans le bois ?
- Oui, demoiselle. Ce sont les loups qui nous poursuivent. Leurs yeux brillent dans la nuit noire.
Ho ! Bourtoumieu, fouette, fouette,
Fouette, fouette ma bourriquette.
- Non, Bourtoumieu. C'est le beau jeune homme qui fait illuminer pour moi. Comme il est riche ! Comme il m'aime !
- Oui, demoiselle.

Ho ! Bourtoumieu, fouette, fouette,
Fouette, fouette ma bourriquette.
- Bourtoumieu, entends-tu ces cris dans le bois ?
- Oui, demoiselle. Ce sont les loups du Mercantour qui hurlent de faim. Gare à nous.
Ho ! Bourtoumieu, fouette, fouette,
Fouette, fouette ma bourriquette.
- Non, Bourtoumieu. C'est le beau jeune homme qui fait chanter pour moi. Comme il est riche ! Comme il m'aime !

Ho ! Bourtoumieu, fouette, fouette
Fouette, fouette ma bourriquette.

Alors, les loups tombèrent sur la vieille et sa bourriquette. Bourtoumieu tira son 9mm ; mais le beau jeune homme l'arrêta.
- Bourtoumieu, laisse ces bêtes manger à leur faim. Tu n'auras pas à t'en plaindre.
Les loups repus et partis, le beau jeune homme dit :
- Bourtoumieu, mets pied à terre, et regarde ce qu'il reste de la vieille et de sa bourriquette.
- Beau jeune homme, de la vieille, il reste une jambe d'or. De la bourriquette, il reste quatre fers d'or, avec les clous de diamant.
- Bourtoumieu, tout est pour toi. Ramasse vite, et partons.
Tous deux rentrèrent à la villa de la vieille demoiselle, et ils y vécurent riches et heureux.

par TarValanion, adaptation libre d'un conte occitan. (Explications dans le billet de demain.)