Enfin, l'horizon, c'est vite dit. Mais au moins, je pouvais regarder plus loin que le pavé deux pas devant moi. Je pouvais lever les yeux vers le bout de la rue, voire le bout de la journée et parfois même plus loin.

Bien sûr, ca ne s'est pas fait en une fois. Au début, n'étant plus habitué à marcher sans mon encombrant boulet, j'ai pris des "béquilles". Un iPod avec les écouteurs vissés sur les oreilles. Une musique entrainante du genre "Come On Eileen" ou "Country House". Des lunettes de soleil. Un livre. Bref, de quoi se sortir du monde. De quoi avoir une bulle à soi.

Et puis petit à petit, j'ai enlevé les bulles. j'ai enlevé le livre, j'ai enlevé les lunettes, j'ai enlevé la musique. Je suis sorti seul face au monde. Je pouvais le faire. Je pouvais traverser la plus grande place de la ville. Je pouvais aller en boite. Je pouvais participer aux soirées entre amis et aux repas de famille.

Le boulet n'en est plus un, il est devenu une partie de moi. Une partie qui me sert et non qui me dessert. Il ne me courbe plus le dos. Maintenant, plus rien ne m'empêche de regarder le monde en face, droit dans les yeux.

Sans peur. Mais aussi sans agression, sans malice, sans méchanceté. Je suis là, le monde. Je sais ce que je suis et je sais ce que tu es. Je ne te crains pas, je ne te hais pas. Marchons ensemble et voyons ce que l'avenir nous réserve.


Ce billet est le huitième billet de la saison 3 des billets en sabliers, jeu inventé par Kozlika et géré cette fois-ci par plusieurs personnes. L'annonce de ce soir a été choisie par Agaagla, de "C'est là ma Zone".

L'amorce vient d'un billet de Traou, intitulé Histoire du corps (tome 3)