Mais ce qui est sûr, c’est qu’elle lisait La Peste. Et ça, ce n’est pas normal. On n’a pas le droit de lire les gens. Surtout ceux qui préparent les jeux, qui édictent les règles et qui choisissent les gagnants. Lire La Peste, c’était tricher au Ping-Pong. Lire La Peste, c’était connaître tous ses secrets, plus quelques-uns des autres. Tout le monde devrait pouvoir garder ses secrets.
Je ne sais pas comment elle faisait, mais elle lisait. Moi, je n’étais pas tout le temps là, alors je n’ai pas compris tout de suite. Apres tout, je ne suis que son coloc, pas son gardien. Mais après une ou deux fois, j’ai compris. Elle venait souvent, elle avait toujours ce sourire supérieur, hautain. Du moins, tant que La Peste ne la regardait pas. Et après chacune de ses visites, elle faisait un coup d’éclat. Un coup pratiquement impossible à moins de connaître les secrets à l’avance. Un coup impossible à moins de lire La Peste.
C’est pour ça que je vous écris, à vous, Le Choléra. Vous, vous saurez y mettre bon ordre. Vous, vous saurez empêcher la triche. Et vous, vous pourrez aider La Peste à garder ses secrets.

A Paris, le 23 Décembre 2005
La Raquette.


Ce billet est ma participation au second billet de la saison 3 des Billets en Sablier.