Oui, il est des mots, des phrases qui font mal. Il m'est arrivé de blesser quelqu'un dimanche juste par une phrase, sans le vouloir. Ca doit venir du fait que je n'ai pas de coeur, pas de pitié.

De même, on pense parfois faire une blague, dire une grosse betise avec humour et toucher en fait un point sensible et douloureux chez l'interlocuteur.

Mais tout le monde sait que certains mots blessent ceux qui les reçoivent et ce n'est pas le but de cette note.


Non, je voudrais parler ici des mots qui blessent ceux qui les prononcent. Du moins c'est l'impression qui en ressort. Il est des mots que tres peu de personnes arrivent à prononcer. Pourtant, ce ne sont pas des insultes, ce ne sont pas des injures, ce ne sont pas des mots vulgaires. Ce sont des mots normaux.

Je vais prendre pour exemple les mots "gays", "lesbiennes" et "homo". Par exemple, je discutais l'autre jour avec ma mère d'une amie commune. Et ma mère de me demander : "Elle te connait bien, G_?" La question pensée n'etait pas celle prononcée. La question pensée etait "Elle sait que tu es homo, G_?" Et on entend bien la difference. On sait ce que la question voulait dire. Alors pourquoi ne pas dire ce mot? Fait-il si mal? Est-ce que le prononcer lui donne une réalité tellement forte qu'elle en devient insoutenable?

Ce probleme est d'autant plus bizarre que la plupart des gens ont plus de facilité à prononcer une insulte comme "PD" qu'une description comme "homo". Et là, ce n'est pas une question de realité. Ca ressemble plus à une question de respect.

Bon, je dis ca, mais je ne jette la pierre à personne. Moi-même, j'ai encore un peu de mal à dire haut et fort "je suis homo." Pourquoi? Je n'en ai pas honte. Je suis ce que je suis, mais j'ai parfois du mal à le dire. Reflexion faite, je pense que ca doit venir de la realité, du fait accompli, que signifie ce mot. Apres tout, PD a été tellement utilisé qu'il en a perdu sa signification. Le mot lui-même n'est plus respecté. La force qu'il avait en tant que mot a été répartie sur tellement de sens qu'elle n'est plus n'existe plus. C'est comme etaler uniformement une noisette de beurre sur 2 baguettes completes de pain. Tout le gout, toute la force du beurre est perdu.

Par contre, homo, voila un mot qui a gardé toute sa force. Il designe une realité profonde et le prononcer appelle cette realité avec trop de force pour que la plupart des gens le supportent.


De la même manière, il existe des expressions qui fonctionnent ainsi. Un exemple? D'accord :
"Tu as rencontré quelqu'un?"
... ...
Non, je me suis trouve un copain, un mec, un homme. C'est dur de le dire, hein? Ben, c'est aussi dur de ne pas l'entendre parfois.

Le dire, c'est lui donner une existence, mais ne pas le dire, c'est lui renier cette existence.


C'est pourquoi j'appelle les gens à dire ce qu'ils sont. Le dire le plus souvent possible pour que les autres s'y habituent. Je sais que, parmi les gens que je connais, ceux qui savent que je suis homo ont maintenant tendance à prononcer le mot "homo" de plus en plus, avec de moins en moins de gene. Et ça, je pense que c'est deja une bonne chose.

Precision : Cette note a été ecrite à l'arrache et les idées sont arrivées sur le clavier dans l'ordre où elles sont arrivées dans mon esprit. On y perd dans la forme, mais au moins, c'est ce que je pense tel que je le pense.