Vendredi matin, Celui-qui-ecoute (a.k.a Portugais, a.k.a Albigeois) m'appelle sur mon portable. Il me dit que la direction de Spie doit venir pour rencontrer tous les agents du ServiceBureau lors de 2 reunions, une à 12h30, une à 13h30. Mais pas plus d'infos. Pour le moment, je ne m'inquiete pas trop. Je lui demande juste de me tenir au courant dès qu'il a des infos. Je continue ma petite matinée tranquille.

Un peu plus tard, c'est Kheyliana qui m'appelle. Elle travaille dans la meme boite que moi et est deleguée du personnel, elle a donc les infos tres rapidement. Elle est tres tres pressé, etant elle-meme au boulot et me confie juste que ma boite a perdu le contrat qu'elle avait avec U7. Jusque là, ce n'est pas trop grave. Ca veut en general dire qu'il y aura un appel d'offres et que plusieurs boites pourront y participer, y compris la mienne. Et meme si la mienne n'est pas choisie, il y aura toujours du travail.

Midi passe. Les reunions passent. Toujours pas de nouvelles de Celui-qui-ecoute. Forcement, BlaireauProphete lui a demandé de ne rien me dire pour ne pas m'inquieter. Pour ça, il est deja un peu tard. J'ai deja eu 2 coups de fils. Et puis j'ai eu un commentaire me disant de profiter de mon week-end en insistant bien sur le fait de profiter. L'insistance est vraiment forte. Plus forte qu'il est normal dans ces cas-là. Ca m'a un peu mis la puce à l'oreille. Et l'inquietude dans l'esprit.

Du coup, je me retrouve à tuer le temps dans Paris tout seul, sans savoir si je suis au chomage ou si j'ai encore un boulot et pour combien de temps. Personne ne m'appelle, personne ne repond au telephone. Au bout d'un moment, apres m'avoir laissé mariner, Kheyli me rappelle. Le contrat est bien perdu. Et pour cause : la prestation est delocalisée en Afrique du Nord. Je suis quand meme tres surpris. Pendant longtemps, Grosnavions a toujours annoncé vouloir garder sa hotline en France, ou à defaut en Europe. Mais bon, si Kheyli le dit, c'est qu'elle doit avoir les infos. On discute un peu, elle me dit que c'est dommage, que si elle avait su avant, elle aurait gardé son poste et m'aurait donné la promotion qu'elle a eu. C'est tres gentil de sa part, mais il faut quand meme qu'elle se fasse passer avant moi. Je suis grand, je vais me debrouiller.

Un peu plus tard, j'arrive à joindre une collegue. Elle me raconte la façon dont s'est passée la journée. Apparemment, l'ambiance etait plutot mauvaise. BlackMary et VendeurAspirateur semblaient plutot defait. Les employés de ma boite sont tous desesperés. Les nouveaux, embauchés une semaine avant, ne comprennent pas. Les employés d'U7 sont eux aussi touchés, vu que quasiment tout est delocalisé.

Moi je m'inquiete un peu. Et je rale. J'avais annoncé à qui voulais l'entendre que je prenais un credit sur 25 ans et que j'esperais que tout se passerai bien. Personne n'avait rien dit, bien sûr. (Le lundi suivant, VendeurAspirateur m'annoncera, sans aucun probleme, que la decision de delocaliser etait "dans les tuyaux depuis un moment". J'aime.)

La soirée se passe, je suis trop fatigué pour m'inquieter vraiment. Et puis la creve qui commence me prend pas mal de ressources neuronales. Je ferais quand meme un cauchemar à propos de mon boulot pendant la nuit. Le week-end se passe aussi. J'ai d'autres choses à penser. Je n'en parle pas à mes parents, ni à mon homme. En l'absence de veritables informations, ce n'est pas la peine de les inquieter. Je mets tout de coté en attendant le retour au bureau.

Et lundi, le boulot reprend. L'ambiance n'est pas top, mais il faut continuer à bosser. Il y a beaucoup de choses à faire et meme si la nouvelle est dans tous les esprits, elle est souvent mise en arriere par les demandes urgentes. On discute dans les couloirs, entre les appels, pendant le repas, par petits groupes, jamais trop longtemps. Je vois fleurir sur les ecrans de mes collegues les pages internet de l'ANPE, de monster.com ou de sudouestjob. Le travail est fait, mais souvent au minimum. Les quotas qui auraient pu etre rattrapés lundi et mardi sont completement abandonnés. U7 cherche à justifier sa decision en arguant de la mauvaise qualité du travail fourni par les employés de Slow. Arguments dementis par les chiffres, malgré les longues discussions. Je continue à bosser, sans vraiment m'inquieter. En fait, je m'inquiete, mais c'est plutot inconscient. Je ne stresse pas plus que d'habitude, mais des cauchemars à propos de mon boulot peuplent mes nuits.

Discussion entre BlackMary et moi, Mercredi midi :

  • BlackMary, j'ai révé que j'etais licencié, cette nuit.
  • Mais tu es licencié, TarVal! (sur le ton de la rigolade)

On en rit, mais c'est un rire plutot jaune. Elle ne s'inquiete pas trop, elle fait partie des 5 anciens (sur 80 employés) qui ont un vrai CDI. Moi, ca me mine un peu. Surtout à propos de ce que je vais decrire dans le prochain chapitre.

Ceci dit, les responsables de Grosnavions ne semblent pas etre encore au courant de la decision prise par U7 de délocaliser. J'attends avec delectation l'explosion lorsque ca arrivera à leurs oreilles. BlackMary m'a dit aujourd'hui etre encore positive quant à l'avenir du plateau. Je ne sais pas si ca vient de là ou d'un voilage de face.

Hier, j'ai eu un entretien avec VendeurAspirateur, mon chef actuel. Suite à l'annonce du vendredi et à mon premier mois au poste de chef. Ca a duré un bon moment pour pas grand chose. En resumé, le travail que je fournis est satisfaisant, mais on ne parle pas de me refaire un contrat pour ce poste. Je vais faire partie des personnes qui seront reclassées en priorité, mais il vaut mieux que je cherche de mon coté avec un CV à jour, au cas où.

Comme dit BlaireauProphete, si j'etais pas habitué, ca ferait mal.