Hier soir, en rentrant d'un repas chez ma meilleure amie, j'ai remonté la rue qui va de Wilson au Capitole. Et je suis passé devant la poste centrale de Toulouse. En journée, ce bâtiment, qui tient à la fois du hall de gare, du temple antique et de la maison-qui-rend-fou, abrite une faune qu'on pourrait aisément nommer La cour des miracles. Dedans et devant. Bien sur, à 23h30, c'est fermé. Mais hier soir, en haut des marches, se trouvait un tas. Pas un tas en tas, plutôt un tas bien rangé. J'ai rapidement confirmation : c'est bien quelqu'un qui dort dehors. Le "lit" a l'air assez épais, dessus comme dessous. Un chien est roulé en boule sur le bas de ses jambes et dort lui aussi, aucune réaction quand je passe.
Mais en passant, je jette un œil. Alors que je m'attendais à voir un ou une sdf d'au moins 40 ans, confit par l'alcool, les cheveux gras et emmêlés (ouais, chacun ses clichés), je découvre le visage d'un jeune homme, mignon à ce que je peux voir, les cheveux presque rasés et dormant comme un bienheureux. Dans le sommeil, aucune expression. Il n'a pas froid, il n'a pas mal. Il dort et il est relaxé. Il est beau.
Et je trouve ca dommage. Bon peut être que c'est un con, peut être qu'il a choisi (ca m'étonnerait), peut être aussi qu'il n'a pas eu de chance et que malgré une éducation et une intelligence remarquable, il n'a rien d'autre que ces quelques tissus et ce chien, peut-être que… Mais en attendant, là, tel qu'il est, je me dis qu'on devrait encore lui donner une chance.
Fred est rentré du boulot et il m'attend dans le lit conjugal. Mais si j'avais été seul? Est-ce que je l'aurais ramené chez moi? Est-ce que je lui aurais offert une douche, un lit (non, pas forcement le mien) et un repas, pas forcement dans cet ordre? Est-ce que je lui aurais montré où j'habite et le contenu de mon appart? Et puis aussi (surtout), est-ce qu'il aurait accepté?