Ma grand-mère (sa fille donc et seule héritière directe) a décidé de vendre l'appartement qu'occupait ma bisaïeule. Aucune utilité, beaucoup de travaux à refaire, plus les charges de la co-proprieté, etc... Et elle a aussi décidé de diviser le montant de la vente en 6 : une part pour elle, le reste pour ses 5 petits-enfant, à savoir moi et mes 5 cousins.

(Vous allez me dire "Et le reste de l’héritage?" Il n'y a pas de reste. Mon arrière-grand-mère s'est faite plumer et arnaquer par 2 de ses petits enfants pendant les vingt dernières années de sa vie. Chèques volés, etc... S'il restait des objets dans l'appart, c'est parce qu'ils n'avaient pas assez de valeur à leurs yeux. Il ne restait en fait que quelques meubles vieux et moches, des livres, quelques photos de famille, un diplôme d'herboriste, une télé et quelques lances décoratives. Ma grand-mère a proposé à chacun de ces enfants et petits enfants de passer à l'appartement pour récupérer ce qui les intéressait. J'ai ainsi ramené chez moi une magnifique intégrale de l’œuvre de Victor Hugo.)

Mais revenons en à l'appartement. Une acheteuse s'est proposée tout de suite : ma tante E. Elle habite en campagne avec son mari, mais ils ont parfois besoin d'un pied-à-terre à Toulouse. Pas de problème. Mais par contre, il lui faut le temps d'obtenir un crédit. Donc, les personnes intéressés par l'argent devront patienter un peu. La somme étant conséquente, même partagée, tous ceux qui savent ce que ça représente sont légèrement impatients. (Quel monde affreux où les petits-enfants (majeurs) n'attendent que de l'argent de la mort de leurs aïeux!!)

A la rentrée, après que les choses se soient un peu tassées, j'ai essayé de demander discrètement des infos à ma grand-mère. Genre "Alors, cet appart, les travaux avancent?" (Vous noterez ma légendaire subtilité qui va de pair avec mes New Rocks.) Ma grand-mère n’étant pas complètement idiote, elle a répondu aux deux questions, celle prononcée et celle sous-entendue. "Pas avant la fin de l'année." J'ai bien sur prononcé quelques mots signifiant que "non, bien sur, je ne suis pas du tout impatient, vous faites comme vous voulez, c’était juste pour avoir des nouvelles, c'est pas du tout mon genre de quémander de l'argent à ma grand-mère, arrêtons là, je ne suis pas du tout crédible (mais j'essaye quand même)".

(J'aurais bien besoin ne serait-ce que du 10eme de cette somme, mais j'ai un poil d'amour-propre et de dignité, je ne demanderai pas.)

La semaine dernière, ma grand-mère m'a dit que ma cousine (je cite) "avait réclamé sa part parce qu'elle allait en avoir besoin". J'ai le tact et la sournoiserie, ma cousine a la franchise et l’indélicatesse. Je me demande ce qui est le mieux. Ah si, ma cupidité est bien moins importante que la sienne. Ouf!