Le 25 Juin 207X

Si j'écris aujourd'hui ce texte, c'est dans l'espoir que quelqu'un le lira un jour. En effet, ce texte est la vérité sur le grand génocide des années 2050. J'ai peur de ne pas survivre encore longtemps et je ne veux pas que la vérité disparaisse.

Je me souviens de ce qui a provoqué et surtout permis tout ca. Bien sur, on ne peut pas dire que tout ne vient pas de là, mais s'il ne fallait retenir qu'un début ce serait celui-là : la révolution de 2005/2006. À l'époque, les medias avaient annoncé la raison officielle des premières émeutes : la mort de deux jeunes de banlieue fin Octobre. La plupart des gens de ma génération se souviennent des incidents qui en ont résulté. Mais bien que le calme soit revenu, le feu couvait encore. Il suffit d'une étincelle pour que les troubles recommencent au printemps. Plusieurs mois après le retour du calme (ou sa réimposition, devrais-je dire), l'Etat mit en place un système permettant de faire en sorte que ces actes ne se répètent jamais.

Bien sur, tout le monde a été surpris par la mesure proposée. Pourtant, l'élection de Nicolas Sarkozy comme Président de la République et son choix de Philippe de Villiers comme Premier Ministre auraient du nous préparer à toutes les lois liberticides. Le fait est que, en quelque mois, non seulement toute la population était fichée, mais en plus, chacun était surveillé et contrôlé dans ses moindres faits et gestes. Cette surveillance était rendue possible par l'installation d'une puce électronique dans la nuque de chacun d'entre nous. Certains ont essayé de résister, mais ils n'étaient qu'une minorité qui fut vite écrasée. Expatriés ou tués par les policiers en "légitime défense", les premiers servirent d'exemples. Les suivants furent moins enthousiastes. Mais la majorité des Français était d'accord avec les "puces". Pour certains, la mise en place du dispositif signifiait la fin du chômage, de même que les grands chantiers américains préconisés par Keynes. Pour d'autres, cela permettait de garantir l'ordre et la sécurité. D'autres encore n'avaient pas conscience de ce que cela signifiait. Forcement. Déjà, une connexion wifi d'un bout d'une pièce à l'autre fonctionnait une fois sur trois. Alors surveiller une personne par ondes, ca ne pouvait pas fonctionner.

Sauf que cela a fonctionné. A la grande surprise du commun des mortels, beaucoup d'enquêtes furent facilitées par ces puces. Plus vraiment besoin de flagrant délit puisqu'il était possible de savoir qui était où à n'importe quelle minute du jour ou de la nuit. Mais personne ne s'inquiéta. Du moins, personne ne dit rien.

Les plus virulents, les plus malins, ceux qui avaient vraiment compris avaient déjà disparu. Il ne restait que les bienheureux inconscients ou les malheureux lâches. Quelques expatriés tentaient d'apprendre au monde ce qui se passait, tentaient de faire prendre conscience aux humains de cette "violation de la liberté". Mais ca ne prenait jamais. Les gouvernements voisins avaient eux aussi vécus des émeutes dans leurs nations et envisageaient de suivre l'exemple de la France. Quant au vulgus pecum : il ne voyait rien. Pas de violence, pas d'appel à l'armée, pas de fraudes aux élections, pas de putsch. Et puis, la France avait toujours été et restait encore le "Pays des Droits de l’Homme". Et petit à petit, les puces s'étendirent. Le Royaume-Uni, d'abord. Puis le Benelux, qui n'était plus qu'une seule nation. L'Allemagne, aussi. Et surtout le Vatican. Apres ces deux derniers, toute l'Europe bascula.

Certains essayèrent encore de résister. Les plus valeureux, les plus indépendants, les plus régionalistes eurent gain de cause. Des "zones libres" furent créées pour eux. Zones de non-droit plutôt. Ces régions étaient bien délimitées. Une fois que ceux qui voulaient vraiment y entrer, et uniquement eux, y étaient, elles étaient complètement fermées. Quasiment hermétiques. Seul lien avec le reste du monde : l'internet. Ces zones étaient soit petites et nombreuses, soit rares et étendues. En France, il y avait le Pays Basque, la Corse, le Finistère et une partie de l'Aubrac. L'extrémité de l'Ecosse et le Connemara pour les iles britanniques. Le nord du Cercle Polaire pour les Scandinaves. La Sibérie bien sur. La Sicile et la pointe de la botte italienne. L'Aragon en Espagne (Aragon qui prit alors le nom d'Occitanie en Exil). Les iles du Danemark, hormis les 2 grandes, bien sur. Dans certains pays, ces zones n'existaient pas. Et pourtant... Ce sont elles qui ont sauvé l'humanité, je pense.

Chaque pays surveillait ses ressortissants de manière ferme mais juste. Les puces et leurs moyens de détections étaient propriétés de l'Etat. Aucun particulier, aucune entreprise n'avait le droit d'utiliser ou même de posséder un seul équipement capable de détecter ou contrôler les puces.