Forcement, après les annonces du Comité interministériel de la sécurité routière, on en parle beaucoup et je me dois, en tant que blogueur et conducteur, de donner mon avis. D’après le compte-rendu du Comité (téléchargeable la page lié ci-dessus), les mesures prévus se découpent en 5 grands axes : vitesse, drogues (y compris alcool), deux-roues, vigilance et citoyenneté. Mouais.

Déjà, je trouve qu'il manque pas mal de choses, qu'on pourrait regrouper dans "connaissance de la route et de son code". Je pense à tous les gens qui ne savent pas prendre un rond-point, par exemple. Je pense à ceux qui savent qu'il existe des vitesses maximales mais qui oublient qu'il existe aussi parfois des vitesses minimales. Je pense aux handicapés du clignotant et à tous ceux qui sont persuadés d’être seuls sur la route. Ceux qui ne pensent pas à prévenir les autres de ce qu'ils vont faire. Ceux qui ne regardent que droit devant eux sans se soucier de ce qui peut se passer à gauche, à droite ou derrière. Ceux qui s'engagent dans les intersections sans être surs de passer et qui se retrouvent coincés en plein milieu. Ceux qui accélèrent à l'orange pour ne pas avoir à s’arrêter au rouge. Et cætera...

Mais surtout ce qui m’énerve, c'est que certaines des mesures sont présentées en tant que mesure de sécurité alors qu'elles n'ont quasiment que rien à voir avec la sécurité. Prenons la première catégorie : Les excès de vitesse. Ça, c'est ma bête noire. Et pas seulement parce que je suis concerné. (Effectivement, mon principal défaut en tant que conducteur est le non respect des limitations de vitesse.) Non, si ça m’énerve, c'est parce que c'est plus un outil de répression et de taxation qu'un véritable facteur de sécurité. J'y reviendrai. Ah ça, les radars automatiques, c'est bien. Ça se met en place facilement, c'est un peu cher à l'achat, mais qu'est-ce que c'est rentable. Pas besoin de payer un flic avec des "jumelles". Le radar fonctionne 24h/24h, 7j/7. Juste un peu d’électricité et ça engrange. Je trouve ça un peu facile. Et rarement utile. Prenons deux radars que je connais bien. Le premier est situé sur le périphérique toulousain, à un niveau où la circulation se fait sur 2x4 voies. A cet endroit, la limite est de 90 km/h. J’espère que vous m'excuserez si je vous choque, mais pour moi, ce radar automatique n'a qu'une seule fonction : engranger des amendes et rapporter de l'argent. Aucun rapport avec la sécurité routière. Par contre, le radar suivant, situé 500 mètres plus loin, en pleine agglomération, à l'entrée d'une ligne droite tentatrice et à proximité d'une grande cité universitaire a un rôle dissuasif complétement justifiable. A condition qu'il soit signalé!! S'il n'est pas signalé, il n'est qu'un piège. Les radars automatiques doivent être signalés pour garder leur effet dissuasif!
Le seul point positif dans la première catégorie concerne la promotion des limiteurs de vitesse. Je trouve dommage que cet équipement ne soit pas obligatoire sur toutes les nouvelles voitures. Et attention, je parle bien du limiteur, qui peut aider le conducteur à respecter les limitations. Pas du régulateur qui "conduit à la place" du conducteur et donc réduit sa vigilance ou du bridage complet de la voiture.

La troisième catégorie, celle qui concerne les deux-roues, est plus en demi-teinte. Une idée inutile, une idée pas assez réfléchie et une très bonne idée malheureusement impossible à appliquer sur le terrain.
En premier, les plaques d'immatriculation qu'il faudra agrandir. Je le rappelle, sur un deux-roues, la seule plaque d'immatriculation est située à l’arrière du véhicule. On ne peut donc la voir que si le véhicule en question est devant soi. A ce moment-là, si on n'a pas vu le véhicule lui-même, ce n'est pas la taille de la plaque qui changera grand chose. Pourquoi une telle proposition alors? Ben, pour que la plaque soit plus facilement lue par un radar automatique, bien sur. (Je n'invente rien, le paragraphe explicatif ne parle que des excès de vitesse.) Là encore, aucun rapport avec la sécurité, l'unique but est de rapporter de l'argent.
La seconde idée concerne la visibilité des motards. Moui... Normalement, les casques des motards sont déjà fortement équipés de bandes réfléchissantes. Et les deux-roues roulent feux allumés. A part un gyrophare sur la tête, je vois difficilement comment améliorer tout ça. A ce niveau-là, si le motard n'est pas vu, ce n'est plus de sa faute. Tant qu'a choisir l'habillement du motard à sa place, il serait plus judicieux de l'obliger à porter des vetements protecteurs que plus de vetements visibles.
La troisième idée est très bien : Rendre obligatoire une formation après cinq ans d’interruption de la conduite effective d’un deux-roues motorisé. Malheureusement, impossible à appliquer. Comment vérifier si une personne à conduit un deux-roues ces 5 dernières années. A moins que nos vies ne soient encore plus surveillés que je le crois, c'est impossible. Ce qui est possible, par contre, c'est de rendre obligatoire une formation après 5 ans (ou 10 ans) de permis, que ce soit avec conduite effective ou sans. Et ce serait encore mieux de l’étendre à tous les véhicules motorisés. Après tout, les titulaires des permis C et D le font déjà. Ça serait une bonne mesure pour la sécurité routière. Mais ça coute bien plus cher que d'installer un radar automatique et ça rapporte moins d'argent.

Mais pour moi, les mesures les plus intéressantes sont les mesures concernant les drogues. Il me semble que c'est une des causes les plus importantes d'accidents. J'ai été satisfait des nombreuses campagnes de prévention télévisées, qui insistaient sur le danger de l'alcool au volant. J’étais content lorsque certaines sociétés de transport en commun ont installé des éthylotest anti-démarrage sur leurs véhicules et je pense qu'une installation sur tous les véhicules motorisés, comme le préconise le comité, serait une très bonne chose. Et je pense ne pas être le seul à être conscient des dangers de l'alcool. A la question taquine "Allons, qui n'a jamais conduit bourré?" posée par un des convives, la moitié des présents à répondu "moi". Mais il y a un petit quelque chose qui me chiffonne : le nombre de contrôles d’alcoolémie. Ça fait près de 14 ans que je conduis. Je n'ai jamais été contrôlé. Jamais. Pourtant, moi aussi je suis sorti en boite, moi aussi je suis allé aux bals. Et moi aussi j'ai participé à des repas de famille dominicaux où presque tout le monde boit trop. Rien, pas un seul contrôle de toute ma vie de conducteur. Bill me dit que les contrôles sont focalisés à certains lieux et certains moments. C'est fort possible. Mais je pense que ce n'est plus (vraiment) efficace. Comme je disais, les gens de ma génération sont conscients des risques et il y en a souvent un qui n'a pas bu. Je pense que des contrôles plus aléatoires, moins focalisés, auraient un impact plus important sur l'esprit des gens. Mais là encore, ça risque de couter un peu plus cher et de rapporter moins. (Quoique...)

Le dernier point concerne la vigilance du conducteur. Quatre mesures qui me semblent importantes et faciles à appliquer en pratique. Là, je dis oui, sans aucune réserve. Ça, c'est un point qui concerne vraiment la sécurité. Là, on voit qu'il n'y a pas d’arrière-pensée et que seule la sécurité a été prise en compte.

Maintenant que j'ai fait ce tour du compte-rendu, et avant de terminer ce billet, je voudrais faire deux remarques.

Tout d'abord sur la vitesse. Pour moi (et je ne suis pas le seul à le penser), la vitesse en elle-même n'est pas une cause d'accident. Elle n'est qu'un facteur aggravant (ce qui est déjà pas mal). Les causes sont multiples : perte de vigilance, arrivée d'un élément extérieur, endormissement, etc. Je ne vous ferai pas la liste complète. La vitesse vient s'ajouter à ces causes pour donner un accident plus grave, pouvant entrainer la mort. Oui, la vitesse tue. Mais c'est réducteur et trop facile de dire ça. Vous pouvez aller lire cet article : "Radars et sécurité routière".

Enfin, dans l’éventualité où je me retrouverais dans un accident grave, je préfère qu'il soit assez grave pour me laisser mort, plutôt que juste assez pour me laisser dans un fauteuil roulant ou un lit d’hôpital pour le reste de ma vie