Ce n’est pas seulement la chaleur de cette nuit d’été qui m’empêchait de dormir. Plus d’une heure que je tourne dans mon lit sans trouver le repos. Après le départ du 4x4, j’ai rapidement rangé les restes de mon diner, puis me suis isolé dans la chambre. Nu sous un simple drap, je repense à ce que j’ai vu. J’en viens à douter. Ai-je vraiment vu ce que j’ai vu ? Un type amener dans le coffre de sa voiture un autre mec entravé d’une camisole et d’une cagoule, puis l’entrainer dans ce hangar désaffecté et l’y laisser ? L’y laisser où d’ailleurs ? C’est ouvert aux 4 vents. En plus c’est peut être même une femme, qui sait ? Je divague. Mon excitation oscille entre demi-mole et grosse érection. Je tourne dans mon lit, je tourne dans ma tête. Il y a quelqu’un dans ce hangar. Attaché. Ou alors le 4x4 est déjà revenu ? Je jette un œil sur mon radioréveil. 1h passé. Je ne dormirai jamais. Je dois savoir.

D’un coup, je rejette ce maudis drap. A tâtons, j’attrape et enfile jock-strap, treillis, t-shirt. Je veux aller voir. J’y vais. Je fouille dans un placard à la recherche d’une lampe torche. Coup de bol, elle fonctionne encore. Arrivé devant l’entrée, alors que je suis sur le point d’enfiler une paire de sneakers, j’hésite. Oh, après tout… Je sors mes rangers du placard, les enfile. Je serre fort les lacets pour bien sentir le cuir gainer mes chevilles. J’adore cette sensation de tenue. J’attrape mes clés au vol, je suis déjà dans l’ascenseur. La rue est déserte. Je me dirige rapidement en direction de la zone ferroviaire.

En quelques minutes, je suis sur le terrain vague. Mon cœur bat déjà plus fort que normalement. J’ai l’impression que la ville entière m’observe alors que j’approche du hangar, là où grillage et mur en tôle se rejoignent. Je m’arrête un moment, dos au mur. Je regarde aux alentours. Rien ne bouge. Pas un bruit. Le cœur battant, je me retourne sur le grillage, le pousse un peu. Il ne bouge pas. Il fait noir, je ne vois presque rien. Du bout des doigts, je constate que le grillage est en fait tenu sur un cadre métallique, lui-même fixé à l’armature en fer sur laquelle sont fixées les tôles. Je pousse un peu sur le cadre, il bouge un peu mais reste bloqué… Je jette un nouveau coup d’œil aux alentours et continue mon inspection du bout des doigts. Je pourrais allumer ma lampe, mais j’ai trop peur de me faire repérer. Je sens subitement quelque chose : un fil de fer est passé autour du cadre et attaché à l’armature des tôles. C’est surement ça. Je fouille, constaté qu’il est juste entortillé. C’est donc ça qu’il bricolait. Je jette un œil derrière moi, défais le fil de fer. Du bout du pied, j’essaie de pousser de nouveau le grillage. Dans un effrayant raclement qui résonne dans le hangar, cadre et grillage partent vers l’intérieur. Yes ! Rapidement, je passe dans l’ouverture. J’y suis. Le souffle court, je m’adosse aux tôles. J’entends mon cœur battre la chamade. Je réalise que la situation m’excite terriblement, dans mon jock-strap ma bite grossit. Et maintenant, je fais quoi ?

J’essaie de regarder autour de moi, de percer les ténèbres de ce hangar désaffecté. Je réalise que le prisonnier est peut être là, quelque part. La clarté de la lune passe au travers du mur grillagé, à ma droite. Je distingue les amoncellements de ferraille, le sol est parsemé de détritus, du verre cassé, des cannettes pliées. Il y a cet empilement de traverses en bois. Sur ma gauche, le hangar se poursuit sur une cinquantaine de mètres, ensuite se trouve un mur parsemé de portes murées ou cadenassées, et de fenêtre également murées ou closes par des barreaux ou des volets en bois. Je marche doucement vers ce mur. Mes rangers crissent sur le sol en béton recouvert de poussière et de gravillons, parfois de verre cassé. Je butte sur un morceau de ferraille, le bruit se répercute dans tout le hangar, je sursaute, terrifié par ma propre présence. Merde. Dans le noir et le silence, tout prend des proportions effrayantes. Je m’arrête. Le silence revient. Qu’est ce que je fous là, franchement ? L’adrénaline me monte à la tête, je suis terriblement excité. J’hésite à allumer ma lampe torche. Si je le fais, je vais me faire repérer. Par qui ? Il doit bien être 2h maintenant. Je caresse le bouton nerveusement, écoute le silence. Finalement, je continue à longer les tôles sans allumer. J’arrive enfin dans un coin. Je me retourne. Je vois le dépôt sur toute sa longueur. Je remarque qu’il reste un pont roulant au milieu, une large poutre d’acier en travers du hangar avec un treuil mobile d’où descend une grosse chaine terminé sans doute par un crochet. J’écoute encore, le silence est toujours complet. D’un coup, je réalise que j’ai laissé le grillage ouvert. Merde, et si le 4x4 revient ? Il va savoir que quelqu’un est entré. Je devrais peut être retourner fermer ? J’hésite un moment, puis finalement décide de poursuivre ainsi. Je ne sais pas vraiment ce que je cherche, mais si le mec au 4x4 a enfermé son prisonnier quelque part, c’est forcément derrière ce mur. Il y a une demi-douzaine de portes, toutes en fer. Une dizaine de fenêtre, plusieurs sont murées avec des moellons, certaines ont des barreaux, d’autre sont closes par des planches. Je jette un œil à la porte la plus proche. Le métal est un peu rouillé en bas, une peinture qui devait être vert sombre fait des cloques. Il y a un genre de poignée, mais un gros cadenas rouillé interdit l’ouverture. Je longe le mur, passe devant une fenêtre à barreaux. Il y avait une vitre, elle est explosée. J’essaie de jeter un œil à l’intérieur. C’est noir. Il semble y avoir un capharnaüm invraisemblable à l’intérieur. Je devine un bureau, des armoires en fer aux portes défoncées. La pièce fait 3 ou 4 mètres de profondeur, puis une cloison fermée par une porte. Le verre crisse sous mes pieds. Je décide de poursuivre. Une fenêtre murée. Les moellons sont mal ajustés, mais impossible de voir entre les interstices. Une autre porte. Même état, même cadenas rouillé. Je poursuis. Encore une fenêtre. Des barreaux. Vitre brisée. Un amas de chaises renversées dans un coin, une table renversée. Rien. Je poursuis. Une fenêtre close par des planches désormais. Elles sont disjointes. J’approche un œil, c’est très sombre. Je décide d’oser faire un peu de lumière. Je plaque la torche sur l’interstice et presse le bouton. Un jet de lumière, presque éblouissant, m’aveugle. 3 ou 4 mètres de profondeur, toujours des armoires déglinguées, plusieurs tables dont une renversée, les murs sont décrépits. Des morceaux de faux plafond sont tombés. Rien d’autre. J’éteins la torche. Il reste deux ou trois portes. Je m’avance vers la suivante. Toujours la même peinture poussiéreuse, encore un cadenas, plus petit celui là. Alors que je m’apprête à poursuivre, je réalise soudain… Plus petit cadenas… Et surtout, il n’a pas l’air rouillé. Je cache d’une main la torche, la rallume. Entre mes doigts, des rayons de lumière se projettent sur le mur de parpaings, et surtout sur cette porte. J’ai vu juste. Le cadenas est neuf ou presque, cuivré, l’anse en acier bien brillante. Je ne résiste pas à le saisir. Il est froid, lisse, sûr. En le relâchant, il vient taper contre la porte qui résonne. Une brusque monté d’adrénaline. Merde ! Quel con ! J’éteins la torche, me retourne, colle le dos au mur, entre la porte et une fenêtre barricadée. Je respire à toute vitesse. Je sens mon cœur battre à toute vitesse, je sens le sens cogner dans ma tête. Je fais quoi ? Merde. Le silence est revenu. Il fait toujours nuit. J’écoute. Il ne se passe rien. Je reprends petit à petit mon calme.

Soudain, un raclement, derrière moi, derrière le mur. Un crissement net, métallique, déchire le silence. J’ai l’impression que mon cœur s’arrête un instant. Je sens une bouffé de chaleur me submerger. Je n’ose bouger, le dos contre les parpaings, je sens une goute de sueur glisser le long de mon dos. Je n’ose plus bouger. Je n’entends plus rien. Ai-je rêvé ? Je me laisse petit à petit glisser le long du mur, jusqu’à être accroupis. Le cuir de mes rangers grince. Mon propre souffle semble faire un vacarme du diable. Je crois entendre encore un grincement derrière la porte. Ou alors, c’est mon imagination ? Toujours accroupis, je me relève doucement en avançant vers la fenêtre murée. Si la configuration est la même, cette fenêtre donne sur la même pièce que la porte. Le cœur battant, je jette un œil, les briques sont bien posées, mais pas jusqu’en haut : il doit y avoir un espace de deux ou trois centimètres. Trop haut de toute manière. Je décide de continuer vers l’autre fenêtre qui est à peine à 2 mètres. Celle-ci est barricadée avec de grosses planches. Arrivé en dessous, je me relève tout doucement. Comme tout à l’heure, les planches sont mal jointes, il y a même un bon centimètre entre la troisième et la quatrième. Je jette un œil derrière moi, rien, pas un bruit, pas un chat, j’approche les yeux de cette fente. La chaleur de l’excitation m’envahis de nouveau. Je respire vite. Evidement, c’est très sombre. La pièce est en longueur. Comme les autres, 3 mètres de profondeur environ. Je vois nettement le mur sur ma droite, je distingue plus difficilement celui à ma gauche. La porte doit être quasiment contre. Alors que je m’approche un peu du mur, je réalise que je bande à nouveau. Ma queue dressée et dure est contre le mur de parpaings. Je sens le froid au travers de mon treillis. J’ai très envie d’envoyer un peu de lumière entre ces planches, et en même temps effrayés à l’idée de le faire. Il y a quelque chose là dedans, et c’est surement le prisonnier du 4x4. La pièce n’est pas vraiment vide, dans le coin en face et à ma droite sont entassés des armoires de vestiaire en ferraille. En tout cas ça y ressemble. Juste en face de moi, j’ai l’impression que deux trucs verticaux montent presque jusqu’au plafond. Des poutres ? Elles sont espacées de deux bons mètres. En haut, il semble y avoir quelque chose entre les deux. C’est plus clair que le mur, un tube métallique peut être. En me baissant un peu, je constate que de chacune d’elles part ce qui semble être un autre tube, mais dans la direction du mur derrière lequel je suis. Une chose est sûre, ce n’est pas comme les autres pièces abandonnées. Je ne vois le sol que sur le dernier tiers de la pièce. En bougeant un peu, je constate qu’à coté de la poutre qui est la plus à gauche, il y a une porte, fermée. J’ai maintenant le front tout contre les planches. Je me décale encore un peu pour essayer de voir le coin en face à gauche, face à la porte. C’est le coin le plus sombre. Je distingue mal. On dirait… Oh, merde.

On dirait, oui… Contre le mur, je sens le sang cogner dans ma queue. Entre la porte et le mur de gauche, il y a environ 1 mètre et demi. Posé au sol, il y a un genre de paillasse, plus clair que le mur, j’imagine le genre de paillasse rustique, une dizaine de centimètres d’épaisseur. Sur le mur de gauche, à mi hauteur, un gros anneau semble scellé au mur. Une chaine en descend vers la paillasse. Oh, fuck ! Ne faisant plus attention à rien, je m’appuie le plus possible aux planches pour mieux voir. Je l’ai trouvé ! A l’autre bout de la chaine, il y a une masse noire, à demi étendue sur la paillasse, la tête appuyée sur le mur qui me fait face. Il doit y avoir un genre de coussin, ou un sac, derrière le haut de son dos et sa tête. La chaine passe entre ses deux jambes, remonte sur son ventre, passe par-dessus ses deux bras coincés par la camisole et termine sur la boucle d’un gros collier noir, fermement arrimée par un cadenas qui brille dans la pénombre. Je crois voir sa poitrine se soulever au rythme de sa respiration. Il, ou elle ? Trop sombre pour savoir. Merde, c’est le prisonnier du 4x4 ! Là, devant moi ! Il ne bouge pas. Sa tête est entièrement noire. Sans doute une cagoule. Mais je n’arrive pas à voir s’il y a des trous aux yeux… Il faudrait que j’allume. Si j’allume et qu’il n’y a pas de masque… En même temps, derrière les planches, je suis invisible. Au niveau de la bouche, je crois distinguer quelque chose. Un tuyau ? Le prisonnier est peut être bien bâillonné avec un de ces baillons percé. Vu sa position, je ne suis pas certain qu’il dorme. Alors que je me pose justement cette question, je le vois distinctement bouger la tête. Dans un sens, dans l’autre. Sa chaine cliquette. Je crois même entendre un grincement de cuir. La camisole serait en cuir noir. Je jette un œil derrière moi. Toujours sombre, rien. Je regarde à nouveau. Il ne bouge plus. Le souffle court, je me laisse glisser doucement vers le sol. Assis sous cette fenêtre barricadée, dos au mur, une jambe étendue, l’autre repliée, je sens ma bite dressée tenter de s’échapper du jockstrap. La torche dans la main droite, je me caresse l’entrejambe de la gauche. Je me demande si je suis en train de rêver. Le froid du sol en béton est bien réel. Et bien réel, derrière moi, enfermé, il y a quelqu’un dans une camisole de cuir, enchainé au mur.

Fuck ! Je fais quoi, maintenant que je l’ai trouvé ? En tout cas, je n’ai pas envie de rentrer chez moi.