J’habite à une centaine de mètre d’une gare, dans une ville de province. Un immeuble de quelques étages, j’occupe un appartement situé tout en haut. J’ai ainsi une bonne vue sur la gare et, hélas, une zone de triage assez laide comprenant plusieurs bâtiments désaffectés. L’un deux ressemble à un hangar semi ouvert : l’une des façades permettait visiblement de faire rentrer des trains et seul un bout du bâtiment est complètement fermé. Un mur de briques entrecoupé de quelques portes cadenassées, et de fenêtre murées. La façade ouverte est fermée sur ses trois quarts par de grandes tôles plus ou moins rouillées allant du sol à la toiture, le dernier quart étant clôturé avec du grillage épais sur une hauteur de deux mètres environ. Au travers du grillage, on peut voir que le mur se poursuit à l’intérieur du bâtiment, avec la même configuration de portes et de fenêtres condamnées. Le reste est plus ou moins vide. Des rails rouillés, des traverses qui finissent de pourrir, de la ferraille…

Je suis déjà passé plusieurs fois devant et je trouvais à cette friche industrielle le soir, lorsque la lumière déclinante donne une esthétique un peu excitante, en me demandant ce qu’il pouvait bien y avoir derrière ces portes cadenassées et ces fenêtres murées.

Vendredi soir.

De retour d’une semaine de travail, j’ai échangé le costume contre mon habituel treillis t-shirt. Soirée calme, seul. L’été s’achève, la ville est calme -nous sommes en pleine période de vacances- les fenêtres sont ouvertes et je profite sur mon balcon des derniers rayons de soleil. Alors que le soleil a disparu et que je m’apprête à rentrer, je remarque une voiture, un genre de gros 4x4 aux vitres fumées, rentrer sur le terrain vague de la friche industrielle. Il fait désormais de plus en plus sombre, le véhicule s’arrête, les phares s’éteignent. Intrigué, je regarde. Il ne se passe rien pendant plusieurs minutes, puis un type ouvre la porte du conducteur et descend de la voiture. Il fait sombre, je ne peux pas voir comment il est vêtu, mais c’est sombre. Il s’éloigne de la voiture en direction du hangar, là où les parois en tôles deviennent du grillage. Je le vois s’arrêter, se retourner, comme s’il vérifiait les alentours. De plus en plus intrigué, je me mets à la hauteur du muret de mon balcon pour continuer à voir sans être vu. Le type se retourne vers le grillage, et semble le trafiquer. Mais que fait il donc ? Au bout de quelques minutes, je le vois repousser le grillage vers l’intérieur du hangar. Il jette un dernier coup d’œil autour, puis rentre à l’intérieur. Il fait très sombre maintenant, je ne vois plus rien. Mais que peut-il bien faire là dedans ? Un dealer qui a sa planque dans ce terrain vague ? Oui bien autre chose… Des pensées assez perverses me traversent l’esprit. Mais il est seul… J’attends… Il ne se passe rien, il fait de plus en plus sombre. Je brûle d’envie de courir chercher une paire de jumelle qui traine dans un placard, mais je crains de manquer le retour. J’ai surtout l’impression de me faire des tas d’idées. N’y tenant plus, je me précipite dans mon appartement pour mettre la main sur ces jumelles. Quel curieux je fais !

Après quelques minutes perdues à retrouver ces satanées jumelles, je retourne discrètement sur mon balcon, non sans avoir éteint au passage toutes mes lumières. A genoux au sol, je pose les jumelles sur le rebord du balcon afin d’être bien stable. Juste à temps ! Le type est de retour. Je n’arrive pas à voir l’état du grillage. Trop sombre. Il au niveau du coffre de sa voiture, s’y adosse. On dirait vraiment qu’il vérifie les alentours, j’ai l’impression qu’il tourne la tête un peu dans tous les sens. J’écarquille les yeux… Finalement rassuré, je le vois ouvrir le coffre de son 4x4 et se pencher à l’intérieur. Puis se redresse en tirant quelque chose. Je peine à voir mais… On dirait… Il continue de sortir sa marchandise… Pas de doutes possibles. Là, assis sur le rebord du coffre, c’est bien un autre type qu’il est en train d’extirper du coffre ! Arrivé à ce point, j’ai les yeux collés aux jumelles, et je sens mon cœur battre à toute vitesse tandis qu’une forte érection déforme mon treillis.

Il fait désormais quasiment nuit. Au travers des jumelles, le type au 4x4 est seulement éclairé par la lueur de lampadaires au loin et la faible clarté d’une nuit d’été. Heureusement, la lune est claire ce soir, ce qui favorise mon voyeurisme. Je le vois aider sa victime à se relever. Je distingue alors nettement que le mec ne peut pas utiliser ses bras, il porte une camisole de force noire. Textile ? Cuir ? Pourquoi pas latex ? Tenant d’une main les jumelles, je caresse de l’autre mon sexe gonflé au travers de mon treillis. Je ne vois pas non plus le visage du mec en camisole. Il est entièrement noir. Sans doute un masque et un pantalon également noir, plus une paire de rangers. Son tortionnaire se retourne, ferme le coffre du véhicule et le verrouille. Le clignotement des feux me laisse mieux deviner les formes de sa victime. Camisole, c’est certain, cagoule aussi, peut être même aveugle. Il se tient immobile. Good boy. En même temps, que peut il faire ? Le type l’attrape par des sangles derrière son dos et le pousse devant en direction du hangar. L’autre se laisse guider. Vu sa démarche mal assurée, il ne doit rien voir. Je presse si fort les jumelles que j’en ai mal aux yeux ! Merde, j’aimerai bien être à proximité pour voir ça ! Je me demande ce qu’il lui a préparé là dedans ! Ils arrivent vers les grillages. Le type continue de le pousser pour le guider, je vois qu’il le fait passer dans une ouverture entre les tôles et les grillages. A cette distance, ils ne sont plus que des ombres mais j’imagine le mec, entièrement en cuir avec sa camisole, rentrer dans ce hangar désert après avoir fait un petit voyage dans le coffre. Le raclement des rangers sur le sol doit faire échos, le grincement du cuir doit résonner. J’ai une gaule d’enfer. Ils sont entrés, je ne les vois plus. Je ne fais plus qu’imaginer. Ils en ont surement pour un moment, je me relève. Il fait nuit, je suis brûlant, une bosse très claire déforme mon treillis. Je me relève et m’assoie sur une chaise, j’ouvre mon pantalon, mon sexe gonflé jaillit… Je suis surement le seul à avoir assisté à la scène. Alors que je continue de caresser ma queue, je constate un peu de lumière dans le hangar. Une lumière changeante, vacillante. Surement une lampe torche. Il doit faire très sombre là dedans. Alors que je me disais justement qu’ils risquent de se faire remarquer avec cette lumière, celle-ci s’éteint subitement. Plus rien ne bouge. Je continue à fixer ce 4x4, au loin, tout en me branlant. Ils font quoi dans le noir ? Portes et fenêtres sont condamnés, ils sont forcément dans le hangar. Je sens la tension monter et mon souffle s’accélérer. J’imagine le mec en camisole à genoux, en train de sucer l’autre adosser à un mur, ou assis sur ces vieilles traverses de chemin de fer. Je le vois lui gicler à la gueule, le sperme gouter sur la camisole en cuir, l’autre lui remettrait masque et bâillon sans même l’essuyer… Je donnerai tout pour être à sa place !

Subitement, mon attention est attiré par de la lumière, à nouveau. La lampe torche. Captivé par le hangar, ma main ralentit. J’essaie de distinguer. J’ai l’impression que la lumière se rapproche du grillage. Alors qu’elle semble l’atteindre, elle s’éteint. Je me jette sur les jumelles, m’agenouille. Le type ressort. Seul ! Où est la camisole ? Il sort, jette un œil aux alentours. Je le distingue remettre rapidement en place le grillage. Merde, il est où, l’autre ? Captivé, je le vois ouvrir sa voiture, monter dedans… Quelques instants après, le 4x4 démarre. Feux éteints, il fait doucement demi-tour et se dirige vers la sortie. Je le suis aux jumelles, essayant sans succès de distinguer un visage. Il n’imagine sans doute pas être épié par un mec qui a tout vu, et qui bande comme un âne sur son balcon ! Alors qu’il atteint la route, il allume ses phares, s’engage sur la voie. Quelques instants plus tard, il a disparu, me laissant seul avec mes fantasmes… Immédiatement, mon regard se repose sur le hangar. Il a fait quoi de l’autre ? Il est où ?

Et surtout… Je fais quoi ?