Ca a commencé très tôt. Lorsque mon oncle avait 8 ans. Ce jour là, ma grand-mère a préparé du caramel. Et elle en a mis un peu dans une cuillère à soupe pour que mon oncle puisse le manger au gouter. Avant de lui donner la cuillère, elle passe 5 bonnes minutes à le prévenir. "Attention. C'est chaud. Ne commence pas tout de suite. Attends que ca refroidisse. Tu vas te bruler. Souffle dessus. C'est chaud." Ad lib pendant 5 minutes. Alors que mon oncle sort de la cuisine, il croise ma mère (sa grande sœur, donc) qui lui dit : "Mets ton doigt dedans, tu vas voir, c'est rigolo!" Et il le fait!
Forcement, il s'est brulé le doigt et ma mère s'est faite engueulée. Encore maintenant, des années plus tard, elle affirme ne pas avoir pensé qu'il le ferait. Bien sur...


Une vingtaine d'années plus tard. Mon oncle a bien grandi, il habite maintenant dans le Haut-Doubs, suite à une mutation de l'Éducation Nationale. A l'occasion de vacances scolaires, mes parents et moi lui rendons visite. Il a failli devenir fou, cette semaine là.

Déjà, un jour où il avait un rendez-vous important, mes parents avaient avancé toutes les pendules de l'appartement d'une heure. Toutes sauf sa montre. Naïf et innocent, il lui a fallu un bon moment pour s'en rendre compte. Entre temps, il stressait de voir le temps plus avancé qu'il ne le croyait.
Un peu plus tard, il annonça : "Il faut que j'appelle la gare de Besançon" Et mes parents en chœur de lui répondre : "Doubs" (apparemment, en référence à un sketch humoristique français). Toujours aussi innocent, il leur a rétorqué : "De Besançon!" - "Doubs!" - "Mais enfin, de Besançon!!! Quand même!!"


Quelques jours plus tard, mes parents lui ont signalé vouloir partir pour le week-end à Paris. Tant qu'a être dans le nord, autant en profiter. A cette occasion, il était prévu de visiter le Salon de l'Agriculture et le Louvre. (Oui, je sais, mais je n'étais pas responsable du programme.) C'est là que mon oncle demanda :
  • Et vous irez voir quoi, au Louvre?
  • Ben, ce qu'il y a. La Joconde, la Victoire de Samothrace, le Radeau de la méduse, etc.
  • Le Radeau de la méduse? Je ne connais pas.
    Et c'est là que mon père se lâche, sans hésitation et avec un sérieux à faire pâlir n'importe quel inspecteur fiscal.
  • Ah ben, ce sont des mecs dont le bateau a naufragé dans la manche. Ils ont réussi à construire un radeau et à remonter la Seine jusqu'à Paris. Le radeau a été conservé et il est exposé dans le Musée du Louvre.[1]
  • Ah bon???

A la fois confiant et inculte, il l'a cru. A 18 ans largement passés, quand même.


Encore quelques années plus tard, roadtrip dans le Royaume-Uni, au cours des vacances d'été. Le groupe était composé d'une dizaine de personnes, y compris mes parents, mon oncle et moi. Arrivés à Londres, tout le monde se sépara, chacun voulant faire une activité différente. Et c'est là que mon oncle, geek avant l'heure, déclara :

  • Moi, je vais à Greenwich, je veux voir le méridien et me faire prendre en photo avec un pied de chaque coté.

C'est là que ma mère répondit :

  • T'es con, ca sert à rien, le méridien, il passe à Ibos[2], en plein milieu du centre commercial[3]. D'ailleurs, ils l'ont matérialisé avec une grosse barre rectangulaire en métal qui traverse tout le centre[1]. C'est hyper-chiant, t'es obligé de soulever le caddie à chaque fois pour pouvoir passer.
  • Ah bon?? non mais j'y vais quand même, il y a l'observatoire et tout.

Donc, là encore, il a cru les pires bêtises que lui a raconté sa grande sœur. C'est beau l'innocence et l'amour fraternel. Surtout quand ça dure pendant des années et des années et que ca permet de se moquer un peu.


[1] : Ça, c'est complètement faux.
[2] : Véridique. Mais je ne sais pas exactement où dans le village. Certains disent que c'est juste entre les deux tours de la collégiale. Je subodore une légende sans fondement.
[3] : Le centre commercial s'appelle d'ailleurs "Le Méridien".