Bref, on voyait ces gens galerer. Par choix, par accident, pour un seul probleme ou tout une suite de problemes. Le jeune homme, nommé Swan, se retrouvait donc à la rue, sans famille, sans amis. Epileptique en sus, il etait plutot à plaindre. Il racontait aussi qu'il evitait les foyers, de peur de se faire violer. A un moment du reportage, on le voit s'installer pour la nuit sur une grille du trottoir qui diffuse une courant d'air chaud tiede. Le cameraman le filme s'installer et la voix du journaliste explique qu'il va passer la nuit là, meme s'il doit faire 4°.
Et là, je m'interroge. Comment le journaliste fait-il pour regarder ça sans rien faire? Comment fait-il pour ne pas offrir à cet homme une nuit dans une vrai chambre, un repas, une douche? Comment etre là à filmer, à raconter, sans rien faire? En plus, l'equipe de journalistes gagne des sous pour un tel reportage. C'est un peu se faire du fric sur le malheur des autres quand meme! Quelle est l'excuse des journalistes? Moi, j'avais evoqué la presence de mon homme, à l'epoque. Et peut-etre un peu de lacheté. Mais eux, comment font-ils?
A un autre moment du reportage, on voit le jeune homme atteint du crise d'epilepsie dans le metro. Et le cameraman de filmer, et la voix de raconter. Sans rien faire. Et les gens de passer, quasiment sans ralentir.
Bon, j'ai pris l'exemple du jeune homme parce que c'etait la pire, lui devait survivre à ca seul. Les autres avaient l'air de s'en sortir un peu mieux, sans doute parce qu'ils etaient au moins deux. Mais c'est pareil pour eux. Comment peut-on filmer tout ca?
Et pendant que je ralais à ce sujet, mon homme me faisait remarquer perfidemment que je disais ca juste parce que je le trouvais mignon. Je reconnais que dans d'autres circonstances, je ne cracherais pas dessus. Mais dans ce cas-là, il ne s'agit pas du tout de ça. Il s'agit de respect, d'altruisme, de compassion.
Enfin, je rale, mais peut-etre que apres ca, les journalistes ont fait un don aux Restos du Coeur ou ont donné quelque chose aux personnes qu'on voit dans le reportage. Mais si c'est le cas, on ne l'a pas dit...
5 réactions
1 De Ziggy - 02/02/2008, 11:51
Le boulot des journalistes c'est de faire du sensas : il doivent les montrer dans leur pire condition, quitte à les rémunérer en douce pour qu'ils jouent leur rôle dans un répertoire digne de Zola... Je sais, je suis cynique.
Moi c'est dans les reportages animaliers que je me posent les mêmes questions, quand un "gentil" animal va se faire bouffer par un "méchant" prédateur !Sinon la même remarque que ton homme m'est venue à l'esprit !
2 De Fitz - 02/02/2008, 12:18
C'est la réflexion que fait Toubib (R. Bohringer) à la journaliste (Zabou) dans Une Epoque formidable en lui demandant (très approximativement) combien elle gagne pour filmer la misère des gens.
En tant que journalistes, on peut concevoir qu'ils aient besoin de rester de simples spectateurs, de simple témoins qui rapportent le fait, l'événement.
Mais effectivement, ça ne présage en rien de ce qui est fait à côté, hors champs, en tant que citoyens et qu'êtres humains.
3 De lancelot - 02/02/2008, 12:38
C'est un reproche qui est fait très souvent aux journalistes, mais eux se défendent en disant souvent qu'ils filment AVANT et qu'ils interviennent APRES. Même histoire avec la photo très célèbre de Phanh, la petite fille brûlée au napalm au VietNam en 1971 (elle avait été secourue par le journaliste par la suite, elle l'a confirmé), ou dans les années 80 de cette enfant en Afrique qui était coincée dans la boue, je ne me souviens plus exactement où, malheureusement.
Ceci dit, même s'ils secourent APRES, la démarche de FILMER cela reste choquante quelque part. Mais Nous sommes blâmables nous aussi d'accepter de REGARDER cela si on nous le sert. CEPENDANT ça nous informe. C'est un débat sans fin et sans réponse véritablement satisfaisante, je pense.
4 De Flo - 04/02/2008, 12:04
souvent, les journalistes d'envoyé spécial suivent les sujets qu'ils ont filmés, montent une association ou se démènent pour faire quelque chose.
après les journalistes seuls ne peuvent pas prendre sur eux toute la misère du monde.
perso je ne donne pas quelque chose à chaque mec qui fait la manche dans la rue. je ne donne pas à chaque association, et je ne m'investit pas dans tous les combats du monde.
ce que j'apprécie dans les reportages d'envoyé spécial, c'est qu'on nous montre ce qu'il en est réellement. le reportage n'est pas "la charité" d'un journaliste... je dis pas que je suis voyeuriste, mais bon...
5 De TarValanion - 06/02/2008, 14:10
Ziggy : Je suis bien moins inquiet du sort des animaux qui se font bouffer que du sort des humains dans la misere.
Fitz : Pas vu le film... Peut-etre qu'ils font et qu'ils ne se contentent pas de regarder. Mais on ne le sait pas
Lancelot : Ouais... Mais que le relfexe soit de filmer d'abord et d'agir apres, ca me gene un peu quand meme.
Flo : Oui, ils suivent. Apres le reportage, on te dit ce que sont devenus les protagonistes.