Ses chaussures sont dépareillées. Aux coudes des pièces mal rapiécées. Il est assis sur une branche. Ses pieds balancent. Lui chante, eux dansent. Je crois bien qu'il pourrait voler, si seulement l'envie lui venait. Il a le sourire des enfants, ceux que l'on perd en grandissant. Ce chant silencieux dans les yeux, une palette de tons bleus. Comme le ciel. Ce mouvement immobile dans les cheveux, une palette de tons roux. Comme les forêts d'automne. Il est l'avatar de la nature.

Il est tellement heureux à l'air libre. Il ne demande pas grand-chose, juste un arbre où grimper, des oiseaux à accompagner et des animaux à faire danser. Peu lui importe d'être mal habillé ou d'être seul. Il vit avec ses rêves, il vit avec ses chants. Sa voix peut rivaliser avec celle des oiseaux, ses gestes sont aussi lestes que ceux des animaux. Il peut participer à leurs jeux, à leurs chants. Mais il ne veut pas s'immiscer dans leurs affaires, il ne veut pas les déranger. Il préfère regarder. Mieux, il préfère voir. Il voit, il entend, il ressent. Et il sourit.

Mais ce sourire est tellement rare. Il ne s'affiche que lorsqu'il est à l'air libre. Mettez le dans une pièce même la porte ouverte et il mélancolise. Une simple couverture lui semble un boulet, fut elle bleue comme le ciel. Son sourire disparait alors. Ses yeux s'éteignent. Et les adultes ne comprennent ca. Tout le monde le prend pour un fainéant. Alors qu'il rêve, qu'il pense. A l'air libre, à la nature, à l'arbre et aux animaux qui l'attendent.

Alors, quand la classe est finie, vite, vite, il sort et va vers les arbres. Pas ceux de la cour de l'école qui sont aussi mort que les bâtiments, mais ceux du parc qui sont juste endormis et attendent sa venue pour se réveiller. Ceux du parc qui abritent des papillons dans leurs feuilles, des oiseaux dans leurs branches, des écureuils dans leurs troncs et des souris dans leurs racines. Ceux du parc qui lui parlent. Ceux qui lui fournissent la force de vivre enfermer pendant 23h30 de plus. Ceux qui l'aident à supporter les couvertures posées sur lui par les sœurs de l'orphelinat.


Ce billet est ma contribution au Billet en sablier du Jeudi de Kozlika.